Le Bitcoin est la plus importante monnaie cryptographique qui fonctionne sans autorité centrale ni administrateur unique. Il est géré de manière décentralisée grâce au consensus de l'ensemble des nœuds du réseau. C’est un moyen de paiement accepté par un nombre croissant de commerçants qui permet d’utiliser une carte bancaire pour effectuer des transactions tout en gardant un très bon niveau d’anonymat. Cependant, ce mur d’anonymat n’a pas pu tenir face aux investigations du procureur spécial Robert Mueller qui a découvert que des agents russes avait utilisé la cryptomonnaie à presque toutes les étapes de leurs efforts en ligne pour s'ingérer dans l'élection présidentielle américaine de 2016, d’après le rapport final d’enquête du Mueller.
Pour rappel, en septembre 2016, la candidate démocrate aux élections présidentielles américaines 2016 et des experts en sécurité informatique ont commencé à montrer du doigt la Russie comme étant à l’origine des précédentes attaques informatiques qu’a subies le parti Démocrate aux États-Unis. Les attaques en question avaient touché plusieurs organes du parti qui était au pouvoir à l’époque aux États-Unis, dont la Democratic National Commity. Les pirates avaient réussi à dérober des messages électroniques de l'organisme cité plus haut, lesquels messages ont été dévoilés par Wikileaks. Le contenu des messages dévoilés suggérait qu’Hillary Clinton aurait été favorisée par rapport à son rival Bernie Senders par les membres du comité du parti lors de primaires du parti pour les élections présidentielles de 2016.
En octobre 2016, l’administration Obama avait accusé formellement la Russie d’être responsable du piratage du DNC et les cyberattaques liées à la campagne présidentielle américaine, sans fournir de preuves incriminant formellement des hackers russes. Cependant, le président russe Vladimir Poutine, lors d’une de ses conférences de presse annuelle, a nié en bloc toutes les accusations relatives à une implication de la Russie dans les campagnes de cyberattaques lancées contre les États-Unis. Toutefois, Poutine a admis en juin 2017, lors d’une conférence à Saint-Pétersbourg, la possibilité que des pirates russes privés ayant un « esprit patriotique » aient été impliqués dans les attaques qui auraient entaché les élections présidentielles des États-Unis.
L'un des chefs d'accusation du procureur Mueller à l’encontre des 12 officiers russes accusés dans l’affaire en juillet 2018 indiquait que ces officiers auraient utilisé le bitcoin pour financer l’opération de piratage. « Pour faciliter l'achat d'infrastructures utilisées pour leur activité de piratage, y compris le piratage informatique des personnes et entités américaines impliquées dans l'élection présidentielle américaine de 2016 et la diffusion des documents volés, les accusés ont conspiré pour blanchir l'équivalent de plus de 95 000 dollars des transactions structurées pour capitaliser sur l'anonymat perçu des cryptomonnaies telles que le bitcoin », selon l'acte d'accusation à l’époque.
D’après le rapport final de Robert Mueller, des agents russes ont utilisé la cryptomonnaie à presque toutes les étapes de leurs efforts en ligne pour s'ingérer dans l'élection présidentielle américaine de 2016 : le bitcoin a été utilisé pour faciliter, non seulement, le piratage du Parti démocrate, mais également, le paiement des services d'hébergement en ligne qui soutenaient les sites Web qui publiaient des documents piratés et qui étaient utilisés pour le ciblage de la désinformation des électeurs américains.
Selon un article de CNN publié le vendredi dernier, bien que les transactions bitcoins soient anonymes sur la blockchain, rendant difficile la découverte d’informations d'identification évidentes sur une personne à l’origine d’une transaction, une fois que quelqu'un découvre qu'un utilisateur est responsable d'une transaction, il est possible de suivre son historique bitcoin complet.
Le bitcoin n'a pas pu cacher définitivement les agents russes de l'enquête de Mueller
Les agents russes, pour mener leurs campagnes de piratage informatique et de désinformation afin d’influencer les élections de 2016 sans être inquiétés, ont utilisé le bitcoin qui leur a permis d' « éviter les relations directes avec les institutions financières traditionnelles, leur permettant d'échapper à un examen plus approfondi de leur identité et de leurs sources de fonds », selon l’acte d'accusation porté par Muller en juillet 2018.
Toutefois, selon le rapport final d’enquête, les agents russes, y compris ceux du GRU, l'agence de renseignement militaire russe, n’ont pas pu définitivement profiter de la couverture d’anonymat offerte par la blockchain afin d’échapper à l'enquête de Mueller. Les investigations ont fini par associer ces agents russes aux transactions bitcoins liées aux différentes étapes de l’ingérence dans les élections présidentielles américaines de 2016.
CNN a rapporté que, Tim Cotten, développeur Blockchain et chercheur en sécurité, qui a fait un travail considérable dans le suivi des comptes Bitcoin russes découverts par l'équipe de Mueller, a noté dans une interview avec CNN Business que le trading de bitcoins sur les bourses exige généralement que les utilisateurs installent des portefeuilles Bitcoin qui sont liés à une adresse e-mail. Selon M. Cotten, les enquêteurs fédéraux, dans le cadre de leurs investigations, ont pu accéder à au moins certains des comptes de courriel utilisés. Selon lui, c’est ce qui aurait grandement facilité le suivi des transactions Bitcoin des agents russes.
Durant l’interview, le développeur Blockchain a expliqué que l’accès des enquêteurs à « l'autre côté de l'équation de la blockchain », était important parce que, « plutôt que d'avoir à chercher des indices dans la blockchain, ils avaient déjà tous les justificatifs montrant quels comptes étaient sous le contrôle du GRU ».
Par ailleurs, M. Cotten a écrit sur son site Web:
« Les pistes d'achat sont entièrement exposées dans la chaîne Bitcoin à mesure que les fonds sont utilisés, consolidés et déposés dans des portefeuilles secondaire en ligne tels que SpectroCoin.com et Xapo.com ». « N'importe qui peut suivre les chaînes de paiement pour voir exactement comment les Russes dépensaient leur argent, quand et sur quoi », a-t-il ajouté.
Selon l’équipe d’enquêteurs de Mueller, les Russes ont utilisé des identités volées et fausses pour créer certains de ces comptes, mais ils avaient utilisé certains des mêmes comptes pour acheter des serveurs et des domaines de sites Web impliqués dans le piratage du Parti démocrate et la publication des documents piratés, selon les grandes lignes de la mise en accusation de Mueller. D’après CNN, M. Cotten a dit que ce qui précède aurait facilité la tâche des enquêteurs pour faire le lien avec l'affaire.
L’enquête de Muller a découvert également qu’un réseau privé virtuel (VPN), un moyen d'obscurcir l'emplacement à partir duquel un utilisateur accède à Internet, a été acheté en utilisant le bitcoin et utilisé pour se connecter à @Guccifer_2, l’infâme compte Twitter qui a communiqué avec Wikileaks et autres sites Web, selon l'enquête de Mueller.
Le rapport final de l’enquête du procureur spécial Robert Mueller a été récemment remis au procureur général et ministre de la Justice des États-Unis, William Barr, qui a transmis au Congrès et rendu public une synthèse de ce rapport présentant les principales conclusions auxquelles l’enquêteur spécial Mueller est parvenu. Mueller dirige depuis mai 2017 l'enquête qui vise à établir s'il y a eu ingérence russe dans les élections américaines de 2016, s'il y a eu collusion entre des membres de l'équipe de campagne de Trump et Moscou pendant ces élections, mais aussi si le président Trump a par la suite tenté illégalement de faire obstacle à l'enquête.
Source : CNN Business
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L’enquête a pu lier les officiers russes aux transactions Bitcoin. Qu’en est-il de toute cette actualité sur l’anonymat de telles transactions sur le blockchain ?
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Le , par Stan Adkens
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