De façon générale, l’expression « liste blanche » définit un ensemble d’entités auquel on attribue le niveau de liberté ou de confiance le plus élevé dans un système donné. Pour emprunter au jargon utilisé en électronique numérique, elle est complémentaire (au sens de complément à 1) à celle de « liste noire. » En informatique, toute entité ne figurant pas sur la liste dite blanche se verra alors refuser certains accès ou certaines possibilités ; c’est de façon basique la même chose que de dire que toute entité figurant sur la liste dite noire ne bénéficie pas de certains accès ou certaines possibilités.
C’est en principe la compréhension que les tiers qui travaillent dans la filière informatique ou qui ont flirté avec cette dernière ont de ces notions.
Une récente publication de l’agence britannique de cybersécurité vient étendre la compréhension qu’on en avait déjà. À la demande d’un de ses clients formulée il y a quelques mois, cette dernière a décidé de ne plus faire usage de ces expressions.
« Il est assez courant de dire liste blanche et liste noire pour décrire les choses souhaitables et indésirables en matière de cybersécurité », explique le National Cyber Security Centre (NCSC). « Cependant, il y a un problème avec la terminologie. Cela n'a de sens que si vous assimilez le blanc à "bon, autorisé, sûr" et le noir à "mauvais, dangereux, interdit". Cela pose des problèmes évidents. Ainsi, au nom de la lutte contre le racisme dans le domaine de la cybersécurité, nous éviterons à l'avenir cette formulation péjorative et désinvolte sur notre site web. Non, ce n'est pas le plus grand problème au monde ; mais pour emprunter à un slogan venu d'ailleurs : chaque petit geste compte.Vous ne voyez peut-être pas en quoi cela est important. Si vous n'êtes pas affecté par les stéréotypes raciaux, alors estimez vous chanceux. Pour certains de vos collègues (et futurs collègues potentiels) par contre, c'est vraiment un changement qui vaut la peine », ajoute-t-il. À la place, le NCSC va utiliser les expressions « liste d'autorisation » et « liste de refus », plus claires, moins ambiguës et surtout plus inclusives.
Ce sont des développements qui ne sont pas sans faire penser à de similaires sur la liste de diffusion de bogues du navigateur open source Chromium. À la requête d’un ingénieur de Microsoft, ceux de Google ont, l’an passé, accepté d’arrêter d’utiliser les expressions « liste blanche » et « liste noire ».
On ne parle pas des mêmes expressions, mais en 2018, l’équipe du projet Python s’est engagée sur une voie similaire. Au nom de l’inclusion, elle s’était lancée dans le processus de suppression des termes « master » et « slave » de sa documentation et de sa base de code. Elle rejoignait d’autres comme Django (2014), CouchDB (2014), Drupal (2014) et Redis (2017). Selon le projet, la paire "master/slave" s’était vu remplacée par des terminologies comme "leader/follower" ou "primary/replica". Dans le cas de Python, l'initiateur de la manœuvre est Victor Stinner, un développeur travaillant pour Red Hat. Il a publié cinq pull requests, ciblant plusieurs domaines, pour changer "master" et "slave" dans la documentation et le code Python par des termes comme "parent", "worker", "child" ou autres termes similaires.
Source : NCSC, liste de diffusion de bogues Chromium
Et vous ?
Quel est votre avis sur la suppression des expressions « liste blanche » et « liste noire » du contenu web de l’agence britannique de la cybersécurité ? Est-ce un exemple à suivre ?
Est-il préférable d’éviter ces expressions au nom de l’inclusion ? Si oui, quelle pourrait être votre proposition ?
Êtes-vous du même avis que ceux qui pensent que les remplaçants proposés ne restent pas souvent fidèles au sens originel ? Si oui, quels sont les cas de figure qui vous ont marqué ?
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Les expressions « liste blanche » et « liste noire » véhiculent des stéréotypes raciaux, d'après l'agence de cybersécurité britannique
Qui décide de les bannir et d'adopter d'autres plus inclusives
Les expressions « liste blanche » et « liste noire » véhiculent des stéréotypes raciaux, d'après l'agence de cybersécurité britannique
Qui décide de les bannir et d'adopter d'autres plus inclusives
Le , par Patrick Ruiz
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