L'Office américain des brevets et des marques a rendu publique jeudi dernier une demande de brevet du service postal américain (USPS) intitulée "Secure Voting System" qui décrit l'utilisation d'une technologie de blockchain pour sécuriser le vote par correspondance lors des prochaines élections présidentielles de novembre. Le brevet déposé en février 2020 a été rendu public le jeudi 13 août, alors que des récents commentaires de Donald Trump selon lesquels le président américain tentait de suspendre le service postal américain et de bloquer le vote par correspondance font la une des journaux.
La blockchain (chaîne de blocs en français) est une technologie qui permet de stocker et transmettre des informations de manière transparente, sécurisée et sans organe central de contrôle. Par extension, c’est une grande base de données qui contient l'historique de tous les échanges réalisés entre ses utilisateurs depuis sa création. La blockchain peut être utilisée, entre autres, pour le transfert d'actifs ou pour une meilleure traçabilité d'actifs et produits. La grande particularité de la technologie est son architecture décentralisée, c'est-à-dire qu'elle n'est pas hébergée par un serveur unique, mais par une partie des utilisateurs.
Les principales plaintes de Trump contre le vote par correspondance concernent les doutes sur le fait que la personne dont le nom figure sur le bulletin de vote ait effectivement voté ou non, et que le bulletin ait été falsifié ou non après son envoi. Dans les deux cas, la blockchain offre des solutions possibles. Les services d'identité basée sur la blockchain sont déjà largement développés et en déplaçant le vote vers un registre partagé et distribué, les votes seraient transmis presque instantanément, ce qui réduirait considérablement la vulnérabilité du bulletin de vote à la falsification.
L’USPS veut utiliser la technologie Blockchain pour faire du vote par correspondance une alternative sûre aux bureaux de vote physiques dans le contexte de la pandémie du covid-19. « Ce développement concerne un système de vote qui intègre également l'utilisation d'éléments cryptographiques, tels que des blockchains, comme ceux utilisés avec les monnaies cryptographiques, pour suivre et sécuriser le vote par correspondance », a déclaré le dépôt de brevet, qui contient 47 pages.
Bien que le vote par correspondance ouvre prétendument la porte à des fraudes potentielles, les électeurs cherchent à faciliter l'accès au vote en enregistrant leurs préférences politiques dans un contexte où la pandémie du coronavirus a imposé des mesures de distanciation. Le brevet décrit les opérations de vote basées sur une blockchain, avec des codes de vote, des signatures électroniques et d'autres points complexes, fonctionnant en tandem avec deux bases de données.
« Un système de vote peut utiliser la sécurité de la blockchain et du courrier pour fournir un système de vote fiable. Un électeur inscrit reçoit par courrier un code lisible par ordinateur et confirme son identité et l'exactitude des informations relatives à son bulletin de vote lors d'une élection. Le système sépare l'identification de l'électeur et les votes pour assurer l'anonymat du vote, et stocke les votes sur un registre distribué dans une blockchain », lit-on dans le dépôt.
« Souvent, un électeur ne peut pas ou ne souhaite pas se rendre dans un bureau de vote pour voter. Un fonctionnaire électoral dans une juridiction peut souhaiter envoyer des bulletins de vote sécurisés par courrier. Ou bien, une juridiction peut choisir d'utiliser des ressources électroniques pour le vote. Dans ce cas, un système de vote sécurisé est souhaitable ».
L’initiative est-elle suffisante pour résister de manière significative à la fraude électorale ?
La demande de brevet fournit un certain nombre d'illustrations sur la manière dont la technologie de la blockchain permettrait de garantir le vote. L'USPS déclare dans le brevet : « Les électeurs souhaitent généralement pouvoir voter pour des élus ou sur d'autres questions d'une manière pratique et sûre. En outre, les personnes qui organisent des élections souhaitent pouvoir s'assurer que les résultats des élections n'ont pas été altérés et que les résultats correspondent effectivement aux votes exprimés. Dans certaines variantes, une blockchain permet de suivre les différents types de données nécessaires de manière sécurisée et permet à d'autres de confirmer facilement que les données n'ont pas été altérées ».
« La sécurité d'un système de vote peut être accrue en utilisant la fiabilité et la sécurité du service postal des États-Unis ou d'une entité similaire, et cela peut être incorporé à un système informatique sécurisé utilisant une blockchain ou un registre distribué pour assurer la sécurité du vote et pour empêcher l'altération ou la modification des résultats du vote électronique », a ajouté la demande de brevet.
Selon des commentaires concernant la demande de brevet de l’USPS faits par Paul Madsen, responsable technique de Hedera Hashgraph, une technologie de registre distribué, et rapportés par Jason Brett, contributeur à Forbes :
« Les blockchain, ou plus généralement les technologies de registre distribué (DLT), ont pour valeur fondamentale de pouvoir fournir à une communauté dont les membres sont potentiellement adversaires une vue fiable et partagée des données sans dépendre d'un seul fournisseur pour contrôler ces données. Pour ce faire, elles permettent d'abord à la communauté de parvenir à un consensus ou à un accord sur l'ordre des transactions qui modifient les données ».
Madsen a expliqué que ces fonctions pourraient être utiles pour enregistrer les votes lors de l'élection, en précisant : « Les deux fonctions pourraient être utiles pour enregistrer les votes lors d'une élection - comme le propose ce brevet de l'USPS. Les votes des électeurs individuels seraient enregistrés, soit sur la blockchain, soit effectivement horodatés puis enregistrés ailleurs - et ainsi, les deux fonctions contribuent à atténuer le risque de double vote ou de manipulation des votes, tout en donnant confiance aux électeurs grâce à la transparence du processus ». Madsen précise toutefois que « les blockchains ne sont pas une solution miracle pour les plateformes de vote », et identifie la vérification de l'identité comme étant l'élément le plus critique, ce qui, selon lui, est également reconnu par le brevet.
Selon Cointelegraph, ce n’est pas la première fois que le service postal s'intéresse à un brevet basé sur la blockchain. L'USPS a soumis un concept en 2018 qui exploite cette technologie pour l'authentification de l'identité, d’après le site Web. Par ailleurs, dès 2016, le bureau de l'inspecteur général (OIG) de l'USPS a encouragé la poste à commencer à examiner les avantages de la technologie de la blockchain, d’après Brett. Les quatre principaux cas d'utilisation de la technologie décrits dans un rapport, à cet effet, sont les suivants : la gestion financière, la gestion des dispositifs, les services d'identité et la gestion de la chaîne d'approvisionnement.
Le vote par correspondance est devenu un point de discorde entre les membres des partis politiques du pays, d'où la nécessité de la technologie de la blockchain. Encore faut-il pouvoir mettre en œuvre correctement un tel système avant les élections qui ont lieu seulement dans trois mois.
Source : Demande de brevet
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Le service postal américain dépose un brevet pour un système de vote basé sur la blockchain,
Afin de « fournir un système de vote fiable »
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Afin de « fournir un système de vote fiable »
Le , par Stan Adkens
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