Les jeunes dans le secteur de la cybersécurité sont plus préoccupés par le fait que l'automatisation finira par remplacer leur rôle que les employés plus âgés - malgré le fait qu'un nombre considérable de professionnels de la sécurité (88 %) pensent que l'automatisation leur facilitera la tâche, selon le rapport 2020 de la société de cybersécurité Exabeam. Toutefois, si les jeunes professionnels du secteur se sentent menacés, 89 % de cette population pense que l’automatisation peut améliorer leur travail.
C'est ce qui ressort d'une nouvelle étude annuelle publiée récemment par Exabeam, qui a interrogé 351 praticiens du secteur de la cybersécurité dans le monde entier, originaires des États-Unis, d'Allemagne, de Singapour, d'Australie et du Royaume-Uni. L’enquête a porté sur différents sujets, notamment l'évolution des salaires des professionnels du secteur, de leurs niveaux d'éducation, la satisfaction au travail, les attitudes à l'égard des technologies et le stress au travail.
Dans l'ensemble, les résultats de l’enquête ont été positifs et les conclusions montrent que les professionnels de la cybersécurité continuent à être satisfaits dans leur travail, d’après le rapport. La quasi-totalité des personnes interrogées, soit 96 %, se déclare satisfaite de leurs fonctions – avec 53 % de répondants très satisfaits et 43 % satisfaits. 87 % des personnes interrogées sont satisfaits de leur salaire et de leurs revenus et 77 % ont déclaré avoir trouvé un bon équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie privée.
Cependant, l'étude montre que, bien que 88 % des professionnels de la cybersécurité adoptent les nouvelles technologies, convaincus que l'automatisation les aidera dans leur travail, c'est la jeune génération qui est sceptique : 53 % des répondants de moins de 45 ans « sont d'accord ou tout à fait d'accord que l'intelligence artificielle et le Machine Learning sont une menace pour leur sécurité d'emploi », selon le rapport.
En revanche, seulement 25 % des personnes interrogées de 45 ans et plus sont du même avis. Il est intéressant de noter cependant que, lorsque l'on les interroge directement sur les logiciels d'automatisation, 89 % des personnes interrogées de moins de 45 ans pensent qu'ils amélioreraient leur emploi, alors que 47 % se sentent toujours menacés par leur utilisation. Cela contraste à nouveau avec la population des 45 ans et plus, où 80 % des personnes interrogées pensent que l'automatisation simplifierait leur travail, et seulement 22 % se sentent menacées par elle.
« L'inquiétude des jeunes professionnels de la cybersécurité face à l'automatisation nous a surpris. En essayant de comprendre ce sentiment, nous avons pu l'attribuer en partie au manque de formation pratique à l'utilisation des technologies d'automatisation », explique Samantha Humphries, stratège en sécurité chez Exabeam. « Comme nous l'avons noté plus tôt cette année dans notre recherche sur l'état du SOC, l'ambiguïté sur le parcours professionnel ou le manque de compréhension de l'automatisation peut avoir un impact sur la sécurité de l'emploi. Il est également possible que cela soit un symptôme du climat économique actuel ou d'un manque général d'expérience pour naviguer sur la main-d'œuvre en période de récession mondiale ».
Malgré leurs doutes quant à l'automatisation, les plus jeunes travailleurs, en particulier ceux de la tranche d'âge des 18-24 ans, sont extrêmement satisfaits de leur sort : 100 % de ce groupe ont déclaré se sentir en sécurité dans leur rôle et 93 % sont satisfaits de leur salaire.
L'enquête a également révélé que si les femmes sont encore largement sous-représentées dans le secteur, on constate une amélioration de la diversité des sexes en 2020, les femmes interrogées passant de 9 % à 21 % cette année, tandis que le nombre d'hommes interrogés est passé de 91 % en 2019 à 78 %. Toutefois, Exabeam met en garde contre le fait qu'il reste à voir si cela deviendra une tendance solide.
« Il est évident que l'automatisation et l'IA/ML sont adoptées, mais l'enquête de cette année a révélé des différences générationnelles fascinantes en ce qui concerne l'ouverture professionnelle et l'utilisation de tous les outils disponibles pour faire leur travail », a déclaré Phil Routley, directeur principal du marketing produit chez Exabeam, dans l'enquête. « Et si la diversité des genres montre des signes positifs d'amélioration, il est clair que nous avons encore un long chemin à parcourir pour faire tomber les barrières pour les femmes professionnelles dans l'industrie de la sécurité ».
Par région, 47 % des personnes interrogées aux États-Unis s'inquiètent de la sécurité de l'emploi alors que des logiciels d'automatisation sont de plus en plus utilisés. Ce chiffre est à comparer à celui de Singapour (54 %), de l'Allemagne (42 %), de l'Australie (40 %) et du Royaume-Uni (33 %). Dans l'enquête d'Exabeam de 2019, seuls 10 % des personnes interrogées estiment que l'intelligence artificielle et l'automatisation constituent une menace pour leur emploi. Une proportion fr 78 % des hommes ont déclaré que leur emploi était stressant ou très stressant, contre 91 % en 2019.
La plupart des répondants (53 %) ont indiqué que la SIEM (Security Information and Event Management), plus que d'autres outils de sécurité, était actuellement utilisée pour leur travail. Parmi les différentes technologies, la plupart des répondants (51 %) ont cité les outils SIEM comme étant essentiels à la réussite dans leur rôle actuel. Une différence notable par région - 70 % des répondants de Singapour ont indiqué que la SIEM, plus que tout autre outil, était essentielle à leur succès.
Interrogés sur les outils qui amélioreraient leur capacité à faire leur travail, 48 % ont cité le renseignement sur les menaces, 41 % la SOAR (Security Orchestration, Automation and Response) et 39 % la SIEM . Il faut noter qu’un tiers des répondants ont signalé ne pas être titulaires d'un diplôme de cybersécurité, d’après le rapport.
L’intelligence artificielle se développe rapidement et suscite de nombreuses inquiétudes dans le monde du travail de sorte que les études concernant ce sujet se multiplient. Pour certains, l’IA ne pourra jamais vraiment remplacer l'homme et restera juste un assistant, et que les craintes concernant son impact négatif sur l’emploi sont exagérées. D’autres craignent justement des pertes d’emplois ou les échecs de réorientation de carrière.
Bill Gates, le milliardaire américain, cofondateur de Microsoft, a estimé, en janvier 2018 lors d’une interview accordée à Fox Business, que l'IA prendra en charge certaines tâches et rendra l'homme plus efficace dans son travail avec plus de temps libre. Mais Jack Dorsey, PDG de Twitter et de Square, a récemment déclaré que les ingénieurs en logiciels pourraient se trouver sans travail parce que l'intelligence artificielle va bientôt écrire ses propres logiciels. Dorsey pense que cela va mettre certains ingénieurs en logiciel débutants dans une situation difficile.
Source : Exabeam
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Le rapport a conclu que les moins de 45 ans craignent plus que l’automatisation prenne leur emploi que les personnes de plus 45 ans. Quel commentaire en faites-vous ?
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Les professionnels de la cybersécurité adoptent l'automatisation,
Mais les jeunes s'inquiètent d'être remplacés à leur poste, selon un rapport d'Exabeam
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Le , par Stan Adkens
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