Sopra Steria a publié le 21 octobre dernier une déclaration selon laquelle elle avait été victime d'une cyberattaque dans la soirée du 20 octobre, en indiquant que l'équipe de réponse aux incidents travaillait à la restauration complète de son réseau informatique. Dans une mise à jour publiée la semaine dernière, le géant français des services informatiques a formellement confirmé qu'il s'agissait bien du rançongiciel Ryuk et que l'attaque avait été probablement lancée quelques jours avec la première détection, selon un communiqué de presse.
Une nouvelle variante du ransomware Ryuk, jusqu'alors inconnue des fournisseurs de logiciels antivirus et des agences de sécurité, est à l'origine de la cyberattaque contre les activités de Sopra Steria, a confirmé la société de services numériques. Sopra Steria a déclaré que les mesures de sécurité mises en place ont immédiatement permis de contenir le virus dans une partie limitée de son infrastructure, protégeant ainsi ses clients et partenaires.
Les équipes d'enquête de Sopra Steria ont immédiatement fourni aux autorités toutes les informations nécessaires et ont mis la signature virale de cette nouvelle souche Ryuk à la disposition de tous les principaux fournisseurs de logiciels antivirus afin qu'ils puissent mettre à jour leurs logiciels.
« Le virus a été identifié : il s'agit d'une nouvelle version du ransomware Ryuk, jusqu'alors inconnu des fournisseurs de logiciels antivirus et des agences de sécurité », lit-on. « Les équipes d'investigation de Sopra Steria ont immédiatement fourni aux autorités compétentes toutes les informations nécessaires. Le groupe a pu rapidement mettre à disposition de tous les fournisseurs de logiciels antivirus la signature virale de cette nouvelle version, afin qu'ils puissent mettre à jour leur logiciel antivirus ».
L'attaque contre Sopra Steria toucha aussi sa filiale belge, où des projets retardés ou suspendus ont entre-temps été remis en selle. « Après avoir analysé l'attaque et établi un plan de remédiation, le Groupe commence à redémarrer son système d'information et ses opérations progressivement et en toute sécurité, dès aujourd'hui », lit-on. Jusqu’au 26 octobre, au moment où Sopra Steria publiait son communiqué de presse, la société n'avait pas identifié de fuite de données ou de dommages causés aux systèmes d'information de ses clients.
Dans une déclaration, l'entreprise a également dit que tous les projets et activités n'ont pas été touchés. « Nous nous sommes focalisés sur une limitation de la propagation du malware et sur la protection de nos partenaires et clients. Cela s'est passé avec succès en Belgique et dans le reste du groupe ». Sopra Steria a insisté, dans sa déclaration, sur le fait que l'attaque n'a pas provoqué de dégâts dans les systèmes des clients ni en Belgique ni ailleurs: « Les mesures de sécurité que nous avions mises en œuvre au début de l'attaque, conjointement avec une gestion adéquate ont fait en sorte que nous avons pu limiter la propagation du malware ».
Après sa découverte, des sources qui connaissaient des informations sur l'attaque avaient déclaré à des médias que le réseau informatique de Sopra Steria était chiffré par Ryuk ransomware, le même groupe qui a infecté en septembre l’Universal Health Services (UHS), un hôpital et un fournisseur de services de santé figurant au classement Fortune 500, et qui gère plus de 400 établissements de soins de santé aux États-Unis et au Royaume-Uni.
Ryuk a pris de l'importance à la fin de 2018 lorsqu'il a attaqué plusieurs journaux américains. Depuis lors, des chercheurs ont établi un lien entre Ryuk et les chevaux de Troie Emotet et TrickBot. Christiaan Beek, scientifique en chef et ingénieur principal senior chez McAfee, a déclaré que le ransomware Ryuk était à l'origine basé sur le logiciel de rançon Hermes. Hermes était vendu sur le marché noir, permettant aux cybercriminels d'acheter le framework et de le convertir en ce qui est aujourd'hui connu sous le nom de Ryuk.
« On sait que les attaques utilisent généralement une combinaison d'Emotet, de Trickbot et de Ryuk », a déclaré Beek. « Les acteurs impliqués n'hésitent pas à utiliser les dernières vulnérabilités technologiques comme Zerologon dans les premières étapes de la chaîne d'attaque pour obtenir des privilèges sur le réseau d'une victime. Le code a évolué et a été mis à jour au cours des derniers mois et, en particulier, la rapidité du chiffrement et les techniques d'évasion ont été des améliorations prioritaires. Dans de nombreux cas, l'acteur a créé une variante "personnalisée" de Ryuk pour sa victime », a-t-il ajouté.
Kacey Clark, chercheur sur les menaces chez Digital Shadows, a ajouté que le logiciel de rançon Ryuk est devenu une menace prolifique pour les organisations utilisant les systèmes d'exploitation Windows. Elle a déclaré que les opérateurs de ransomware Ryuk auraient exploité la vulnérabilité de Zerologon. À la mi-octobre, les chercheurs en sécurité ont fourni des détails sur les attaques de Ryuk, en soulignant que les attaquants opèrent très rapidement : les opérateurs de Ryuk parviennent à un chiffrement complet sur les réseaux ciblés dans les cinq heures suivant l'accès initial aux victimes par le biais de courriels de phishing acheminant la porte dérobée "BazarLoader".
« Étant donné la gravité et la facilité d'exploitation de Zerologon, les attaques exploitant la vulnérabilité sont susceptibles de persister », a déclaré Clark, qui a exhorté les équipes de sécurité à installer la mise à jour pour CVE-2020-1472 si elles ne l'ont pas encore fait. McAfee a également publié des informations supplémentaires de Ryuk sur son tableau de bord des priorités en matière de menaces.
Au sein du groupe de services informatiques, on déclare qu'il faudra encore quelques semaines avant que tout revienne à la normale et que l'impact total soit connu. On ignore si l'entreprise a versé la rançon, mais elle a déjà fait savoir qu'elle était assurée contre ce genre de cyber-risques, d’après des médias.
Source : Sopra Steria
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Sopra Steria confirme la nouvelle version de Ryuk derrière la cyberattaque sur ses opérations,
Et affirme que pas un seul client n'a été touché par l'attaque au rançongiciel
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Et affirme que pas un seul client n'a été touché par l'attaque au rançongiciel
Le , par Stan Adkens
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