
et appelle à l'action
Après la vaste campagne de piratage de SolarWinds l'année dernière, Microsoft a de nouveau été touché par une cyberattaque d'envergure. L'attaque, perpétrée via des failles dans son serveur de messagerie Exchange, aurait permis aux pirates d'atteindre environ 30 000 clients aux États-Unis et environ 250 000 dans le monde. Si Microsoft dit avoir corrigé les vulnérabilités ayant permis l'attaque, la Maison Blanche n'en est pas totalement sûre. Elle a déclaré vendredi que l'on est en présence d'une "menace active" et que les organisations utilisant Exchange doivent s'activer pour s'assurer que les brèches ont été effectivement refermées.
Maison Blanche : "Avant tout, il s'agit d'une menace active"
La vulnérabilité en question a été révélée par le directeur de Microsoft, Tom Burt, dans un article de blogue mardi et a annoncé des mises à jour pour contrer les failles de sécurité qui, selon lui, ont permis aux pirates d'accéder aux serveurs Exchange. Le centre de renseignement sur les menaces de Microsoft (MSTIC – Microsoft Threat Intelligence Center) a attribué les attaques avec une "grande confiance" à un "attaquant parrainé par l'État basé en Chine" qu'elle a nommé Hafnium. La société a déclaré que Hafnium avait tenté de voler des informations à des groupes tels que des chercheurs en maladies infectieuses, des cabinets d'avocats, etc.
La liste des victimes comprend également des établissements d'enseignement supérieur et des entreprises de défense. Cependant, vendredi, la Maison Blanche a fait savoir qu'elle n'est pas totalement certaine que la menace a été écartée et a mis en alerte toutes les organisations qui exploitent le service de Microsoft. « Il s'agit d'une vulnérabilité importante qui pourrait avoir des répercussions de grande envergure. C'est une menace active », a déclaré vendredi l'attachée de presse de la Maison Blanche Jen Psaki. « Tous ceux qui gèrent ces serveurs, gouvernement, secteur privé, université doivent agir maintenant pour les réparer ».
Psaki a expliqué aux journalistes que la Maison Blanche était "préoccupée par le grand nombre de victimes". En effet, alors que Microsoft a publié un patch la semaine dernière pour corriger les failles de son logiciel de messagerie, le remède laisserait toujours ouverte une prétendue porte dérobée qui pourrait permettre l'accès à des serveurs compromis et perpétuer de nouvelles attaques par d'autres. Samedi, le Conseil national de sécurité américain (US National Security Council) a déclaré qu'il était "essentiel que toute organisation ayant un serveur vulnérable prenne des mesures immédiates" pour déterminer si elle avait été ciblée.
Le secrétaire de presse du Pentagone, John Kirby, a déclaré vendredi aux journalistes que le ministère de la Défense travaillait actuellement à déterminer si la faille avait eu un impact négatif sur lui. « Nous en sommes conscients et nous l'évaluons », a déclaré Kirby. « Et c'est vraiment le plus loin que je puisse aller pour le moment ». En outre, la nouvelle de la brèche a incité l'Agence américaine de cybersécurité et de sécurité des infrastructures (CISA – Cybersecurity and Infrastructure Security Agency) à publier une directive d'urgence demandant aux agences et départements de prendre des mesures urgentes.
Jake Sullivan, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, a également exhorté les propriétaires de réseaux à télécharger les correctifs de sécurité dès que possible. Microsoft n'a pas confirmé le nombre de victimes annoncées, mais a déclaré vendredi qu'il travaillait en étroite collaboration avec les agences gouvernementales américaines. Il a expliqué aux clients que "la meilleure protection" était "d'appliquer les mises à jour dès que possible sur tous les systèmes concernés". Microsoft prévoit de publier des techniques d'atténuation conçues pour aider ceux qui ne sont pas en mesure d'exécuter rapidement les mises à jour. Par ailleurs, il a averti qu'elles n'étaient pas "une solution si vos serveurs Exchange ont déjà été compromis ni une protection complète contre les attaques".
La Maison Blanche devrait dédier un groupe de travail à ce piratage
Selon les analystes, c'est la huitième fois au cours des 12 derniers mois que Microsoft accuse publiquement des groupes d'État-nation de cibler des institutions essentielles à la société civile. En outre, cette annonce marque la dernière crise de cybersécurité à frapper les États-Unis après que FireEye, Microsoft et d'autres ont signalé la campagne de piratage russe présumée qui a commencé par l'infiltration de la société de logiciels SolarWinds. Cet effort a conduit à la compromission d'au moins neuf agences fédérales et des centaines d'entreprises privées.
Microsoft a déclaré que l'attaque révélée la semaine dernière n'avait aucun lien avec celle de SolarWinds. Il semble toutefois persuadé que, même si le groupe auteur de l'attaque est lié à Pékin, il a opéré depuis l'intérieur des États-Unis. « Bien que Hafnium soit basée en Chine, elle mènerait ses opérations principalement à partir de serveurs privés virtuels loués aux États-Unis », a déclaré Microsoft. Un responsable de la Maison Blanche connaissant le sujet a déclaré qu'au regard de l'ampleur de l'incident, l'administration devrait mettre sur pied un groupe de travail pour traiter cette attaque majeure subie par la firme de Redmond.
« Nous entreprenons une réponse de l'ensemble du gouvernement pour évaluer et traiter l'impact. L'Agence pour la cybersécurité et la sécurité des infrastructures a émis une directive d'urgence à l'intention des agences et nous travaillons maintenant avec nos partenaires et examinons de près les prochaines étapes que nous devons franchir. Il s'agit d'une menace active qui se développe encore et nous demandons instamment aux opérateurs de réseaux de la prendre très au sérieux », a déclaré le responsable de la Maison Blanche.
« Le groupe de travail ou "Unified Coordination Group" est un effort multiagences initié par le Conseil national de sécurité, qui comprend le FBI, l'agence pour la cybersécurité et la sécurité des infrastructures et d'autres », a déclaré le fonctionnaire américain. Selon une autre source proche du dossier, l'Agence nationale de sécurité a également un rôle dans la réponse, bien qu'il ne soit pas immédiatement clair si son implication est codifiée dans le cadre de la directive UCG. « Cela peut potentiellement affecter simultanément des organisations qui sont essentielles à la vie quotidienne aux États-Unis », a-t-elle déclaré.
Notons que, alors que de nombreuses entreprises technologiques américaines entretiennent des relations tumultueuses avec le gouvernement chinois, Microsoft maintient une présence dans le pays depuis 1992. Contrairement à Facebook et Twitter, le réseau social dédié aux professionnels détenu par Microsoft, LinkedIn, est toujours accessible en Chine. Il en va de même pour son moteur de recherche Bing, bien que Baidu, une entreprise locale, domine le marché de la recherche. Pourtant, l'entreprise ne manque pas souvent d'accuser publiquement la Chine d'orchestrer ou de parrainer des campagnes de piratage visant ses installations ou celles d'autres entités américaines.
Sources : Communiqué de la Maison Blanche, La CISA
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