Hart InterCivic Inc, l'un des plus grands fabricants de machines à voter aux États-Unis, va intégrer le système de suivi des votes de Microsoft Corp. dans ses machines à voter, ajoutant ainsi une couche de sécurité qui pourrait contribuer à réduire les attaques accrues contre la légitimité des résultats des élections américaines. ElectionGuard est chiffré d'une manière spéciale pour permettre le comptage tout en préservant la sécurité et la confidentialité des électeurs, et élargit la capacité à effectuer des audits postélectoraux. Mais le système produira toujours des sauvegardes sur papier. Le programme permettra également aux gens de confirmer que leurs votes ont été comptés après qu'ils ont été exprimés.
Fin février 2020, Microsoft a effectué le premier test officiel de son logiciel de sécurité électorale open source ElectionGuard lors d'une élection à Fulton, dans le Wisconsin, pour le conseil scolaire local et un siège à la Cour suprême de l'État. Développé dans le cadre du projet "Defending Democracy" du géant technologique, le logiciel est conçu pour contribuer à rendre les élections plus sûres et plus fiables. Jeudi, plus d'un an plus tard, la méfiance et la discorde généralisées entourant l'élection présidentielle de 2020 ont contribué à plaider en faveur de ce type de technologie.
« Je ne pense pas qu'il y ait eu un moment plus important dans l'histoire pour les fournisseurs d'essayer d'intégrer cette technologie dans leurs systèmes en raison de sa capacité à renforcer la confiance dans le processus électoral », a déclaré Tom Burt, vice-président de la sécurité et de la confiance des clients chez Microsoft.
Ce partenariat fait de Hart le premier fabricant aux États-Unis à permettre aux autorités électorales locales d'intégrer un logiciel de suivi des bulletins de vote dans les machines, ont déclaré les deux sociétés jeudi dans un communiqué conjoint. Le programme permettra aux électeurs de suivre leurs choix et offrira aux experts en sécurité utilisant le système de Hart la possibilité de vérifier les résultats de manière indépendante à l'aide du logiciel ElectionGuard de Microsoft.
La collaboration entre le fournisseur de systèmes de vote et le géant des logiciels vise à utiliser la technologie pour renforcer la transparence du système de vote américain, qui a été attaqué l'année dernière. Après que l'ancien président Donald Trump a sapé à plusieurs reprises la confiance du public dans les résultats des élections sans preuve, une foule de ses partisans a pris d'assaut le Capitole le 6 janvier alors que le Congrès tentait de certifier les votes des Américains.
« Si nous savons tous que notre vote a été compté, il devient assez difficile de croire à ces folles théories de conspiration », a déclaré Tom Burt, dans un communiqué. « L'équipe de Hart a fait un travail exceptionnel pour combiner les avantages d'un système de vote basé sur des bulletins papier avec ce que la technologie ElectionGuard a de mieux à offrir », a-t-il ajouté. « Nous sommes ravis que les électeurs puissent faire l'expérience de la confiance qu'ElectionGuard peut apporter au processus tout en votant sur les machines d'une société qui soutient les élections depuis plus d'un siècle ».
« Les agents électoraux sont avides de tout type d'outil qui améliore l'auditabilité, la vérifiabilité et la transparence, qui à leur tour renforcent la confiance des électeurs », déclare Julie Mathis, PDG de Hart InterCivic. « Il est important que ce produit soit conçu pour répondre aux besoins des élections du monde réel ». « Nous pensons que nous devons constamment réimaginer comment la technologie peut rendre le vote plus sûr et aussi plus transparent, et ce partenariat avec Microsoft est un pas important dans cette direction », dit-elle.
Réduire la probabilité de falsification des votes
Pour les électeurs, le processus de vote de Hart fonctionnera plus ou moins de la même manière que ce qui existe aujourd’hui : dans les bureaux de vote désignés, les électeurs rempliront un bulletin de vote en papier ou sélectionneront leurs choix sur une machine et les imprimeront. Ils placeront ensuite leur bulletin de vote en papier dans un scanner Hart. Mais désormais, ce scanner sera équipé du logiciel ElectionGuard qui chiffrera les bulletins de vote dès qu'ils seront scannés. Une fois qu'ils auront soumis leur bulletin, les électeurs recevront un morceau de papier avec un code de vérification ou un code QR, qu'ils pourront saisir sur le site Web de leur juridiction électorale locale pour suivre leur bulletin tout au long du processus de dépouillement.
« Pour ceux qui sont méfiants, leur donner la possibilité de confirmer que leur vote a été compté, c'est là que je vois une énorme transformation potentielle de la confiance », a déclaré Burt jeudi.
ElectionGuard sécurise individuellement chaque vote au moyen d'un processus appelé "chiffrement homomorphique". Après la fermeture des bureaux de vote, ce chiffrement permet de comptabiliser les votes et de déchiffrer les résultats sans avoir à déchiffrer les bulletins individuels. Cela réduit la probabilité de falsification des votes. En effet, si un acteur malveillant voulait privilégier un certain candidat, il devrait faire le difficile travail de déchiffrement de chaque vote pour savoir quels votes modifier.
Julie Mathis de Hart a déclaré que l'entreprise était en train d'identifier les lieux de vote pour conduire le pilote du programme de vérifiabilité. La société basée à Austin, au Texas, prévoit de commencer par coupler ElectionGuard avec son propre système de vote Verity, mais il appartiendra à ses clients dans 500 juridictions à travers 17 États d'adopter finalement le programme.
« La combinaison des machines à voter Hart avec la technologie ElectionGuard, qui offre une vérifiabilité de bout en bout, permet aux responsables électoraux d'offrir plus de transparence au processus de dépouillement des votes. L'intégration d'ElectionGuard par Hart dans Verity s'appuie sur nos initiatives existantes, telles que les traces écrites vérifiables par les électeurs, la prise en charge des audits limitant les risques et le fait de ne jamais encoder le vote des électeurs dans des codes à barres illisibles, dans le cadre de notre engagement continu en faveur de l'innovation en matière de technologie de vote qui se traduit par des niveaux plus élevés de confiance des électeurs dans le processus électoral », a déclaré Mathis dans le communiqué commun.
Les responsables électoraux peuvent également exécuter une application de vérification qui utilise une équation mathématique après la fermeture des bureaux de vote pour déterminer si les votes ont été falsifiés, a rapporté CNN qui a eu un entretien avec Tom Burt. En raison du processus de chiffrement, l'équation produira un résultat attendu si aucun vote n'a été falsifié. Si la réponse est différente, elle indiquera que les agents électoraux doivent revérifier les résultats de l'élection en utilisant des bulletins de vote papier de secours.
Le logiciel part du principe qu'il est impossible d'éviter avec une certitude absolue qu'un mauvais acteur compromette un système de vote. Ainsi, ElectionGuard garantit qu'en cas de piratage, les responsables électoraux le sauront immédiatement et disposeront d'options alternatives pour le comptage des votes, éliminant ainsi les incitations à l'ingérence électorale.
La prévention d'une telle ingérence est une préoccupation centrale des responsables électoraux. Le gouvernement américain a constaté que des adversaires, dont l'Iran et la Russie, cherchaient à s'ingérer dans l'élection présidentielle de 2020, dans le but de saper la confiance des électeurs dans le processus démocratique, selon des rapports publiés en octobre 2020.
La nouvelle solution de fiabilité des votes de Hart ne fonctionnera que si ses clients trouvent la solution utile. D'un point de vue réaliste, cette perspective est encore loin. Hart n'aura besoin de l'approbation de l'État que pour mener un projet pilote dans une seule juridiction. Mais pour aller officiellement sur le marché avec ElectionGuard incorporé dans ses produits, Hart devra passer par des processus de certification fédéraux et étatiques.
Néanmoins, les défenseurs de l'intégrité des élections affirment que le partenariat entre Hart et Microsoft est une étape importante.
« C'est un progrès certain de voir un fournisseur du top 3 explorer le vote vérifiable de bout en bout », a déclare Ben Adida, directeur exécutif de VotingWorks, un fabricant à but non lucratif de machines à voter sécurisées, qui a travaillé avec Microsoft pour mener le premier projet pilote dans des conditions réelles d'ElectionGuard en 2020. « Il reste un fossé entre la théorie et la pratique du bout en bout, et nous avons besoin d'une quantité importante de travail de mise en œuvre pour le combler. Le travail de Microsoft, notre pilote, et ce nouveau travail contribuent tous à combler ce fossé, et c'est une excellente nouvelle ».
Dans la recherche de solutions sécurisées du processus de vote aux États-Unis, le service postal américain (USPS) a déposé l’année dernière auprès de l'Office américain des brevets et des marques une demande de brevet intitulée "Secure Voting System", qui décrit l'utilisation d'une technologie de blockchain pour sécuriser le vote par correspondance. Le brevet déposé en février 2020 a été rendu public en août, alors que des commentaires de Donald Trump selon lesquels le locataire de la Maison-Banche à l’époque tentait de suspendre le service postal américain et de bloquer le vote par correspondance faisaient la une des journaux.
Source : Communiqué de presse
Et vous ?
Que pensez-vous de l’initiative de Microsoft et de Hart pour introduire ElectionGuard dans les machines à voter ?
Pensez-vous qu’une telle combinaison de logiciel et de matériels de vote existants mettrait fin aux suspicions autour du système de vote ?
Le logiciel open source ElectionGuard incorporé dans le matériel de Hart sera-t-il validé pour les prochaines élections aux États-Unis, selon vous ?
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Microsoft s'associe à un fabricant de machines à voter pour permettre aux électeurs de suivre leurs bulletins de vote,
Et élargir la capacité à effectuer des audits post-électoraux
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Le , par Stan Adkens
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