À la lumière de la récente vague d'attaques par rançongiciel très médiatisées qui ont fait des ravages aux États-Unis et en Europe, les États membres du groupe G7 ont appelé la Russie et d'autres pays à sévir contre les gangs de rançongiciels opérant à l'intérieur de leurs frontières. « Nous appelons tous les États à identifier et à démanteler de toute urgence les réseaux criminels de rançongiciels opérant à l'intérieur de leurs frontières, et à tenir ces réseaux responsables de leurs actes », a déclaré le G7 dans un communiqué publié dimanche, à l'issue d'une conférence de trois jours qui s'est tenue à Cornwall, au Royaume-Uni.
« En particulier, nous demandons à la Russie [...] d'identifier, de perturber et de tenir pour responsables ceux qui, à l'intérieur de ses frontières, mènent des attaques par rançongiciels, abusent de la monnaie virtuelle pour blanchir des rançons et commettent d'autres cybercrimes », a ajouté le groupe du G7. Vladimir Poutine a indiqué bien avant ce sommet, que la Russie est prête à extrader des cybercriminels vers les États-Unis sur une base réciproque.
« Si nous nous mettons d'accord sur l'extradition des criminels, la Russie le fera naturellement, mais seulement si l'autre partie, en l'occurrence les États-Unis, accepte de faire de même et d'extrader également les criminels correspondants vers la Fédération de Russie. De tels accords sont formalisés dans les relations interétatiques correspondantes où les parties assument certains engagements. Dans une écrasante majorité des cas, ils sont équitables. Les deux parties assument des engagements égaux. La cybersécurité est l'une des questions les plus pressantes aujourd'hui, car toute déconnexion de systèmes entiers entraîne des conséquences très graves, et cela s'avère possible », a déclaré Vladimir Poutine.
Le président russe serait d’avis que la sphère de la cybersécurité est un domaine où des règles de conduite devraient être édictées et connues de tous. Dans une interview accordée au réalisateur Oliver Stone, qu’« à l’automne 2015, nous avons proposé à nos partenaires américains de travailler en étroite collaboration pour résoudre ces questions et conclure un traité relatif aux règles de conduite dans cette sphère. Les Américains n’y ont donné aucune suite. »
Un rapport du Royal Institute of Internal Affairs suggère que ce comportement des États-Unis vis-à-vis de cette proposition des Russes date même de 2012. S’engouffrer dans un traité de cyberguerre avec les Russes serait amoindrir les possibilités que se réservent les États-Unis d’user d’Internet comme d’une arme. Le célèbre ver Stuxnet que les Américains ont développé et lancé contre les infrastructures iraniennes en est la parfaite illustration.
« Les économies les plus avancées technologiquement sont les plus exposées à ces attaques. Tout ceci commence à prendre des proportions vraiment dangereuses. Il faut donc penser à mettre en place des règles », soulignait Vladimir Poutine visiblement ouvert à une collaboration avec les USA. D'ailleurs, interrogé au sujet de la possibilité de travailler avec celle-ci sur un nouveau traité, il avait déclaré : « il faudra ouvrir une nouvelle page des relations États-Unis – Russie ». Sa nouvelle sortie peut donc être vue comme une main à nouveau tendue pour aller dans ce sens.
Pour certains analystes, il est difficile de savoir comment le communiqué du G7 contribuera à la lutte réelle contre les gangs de rançongiciels. « La déclaration vague d'hier, qui se contente d'exhorter les autres pays à régler leurs problèmes sans prendre de mesures concrètes », a également été qualifiée de rhétorique pour d’autres. On pense que la plupart des gangs de rançongiciel opèrent depuis les frontières des anciens États soviétiques. La plupart des gangs de rançongiciels fonctionnent selon des règles non écrites : tant qu'ils lancent des attaques exclusivement contre les pays occidentaux et évitent la Russie et ses pays voisins, ils sont laissés en paix par les autorités locales.
Auparavant, les services de renseignement américains ont déclaré qu'au moins les membres d'un groupe de cybercriminels (Evil Corp) opèrent sous la protection et en coopération avec le service de renseignement intérieur russe, le Service fédéral de sécurité (FSB).
Plus tôt dans la journée, Lindy Cameron, directrice du Centre national de cybersécurité du Royaume-Uni, a déclaré que les attaques par rançongiciels constituaient la plus grande menace en ligne pour les utilisateurs britanniques, bien plus importante que les groupes de pirates étatiques, soulignant que si les groupes parrainés par l'État peuvent s'en prendre à un nombre limité de cibles et se livrer à de l'espionnage silencieux, les gangs de rançongiciels opèrent sans discernement et n'hésitent pas à provoquer des perturbations à grande échelle afin d'obtenir le paiement de rançons.
« Nous, les dirigeants du Groupe des Sept, nous sommes réunis du 11 au 13 juin 2021, déterminés à vaincre le COVID-19, nous nous sommes souvenus de tous ceux qui ont été emportés par la pandémie et rendu hommage à ceux qui s'efforcent encore de la vaincre. Inspirés par leur exemple de collaboration et de détermination, nous nous sommes rassemblés autour du principe qui nous a réunis à l'origine, à savoir que le partage des convictions et des responsabilités est le fondement du leadership et de la prospérité. Guidés par ce principe, par nos idéaux durables en tant que sociétés libres et ouvertes et en tant que démocraties, et par notre engagement en faveur du multilatéralisme, nous avons convenu d'un programme commun du G7 », souligne le communiqué final.
Source : Communiqué du sommet du G7
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Le , par Bruno
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