Pour l’instant, les investigations sont en cours et rien n’est encore certain. Et c’est en partie pour faire le point sur ces investigations que ce conseil de défense exceptionnel a été convoqué, a déclaré Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement. Lors de ce conseil de gouvernement, « le président a exigé un renforcement de tous les protocoles de sécurité en parallèle des opérations techniques de détection et clarification en cours » sur l'affaire Pegasus. Au sortir de la réunion, le porte-parole du gouvernement a confirmé qu’« un certain nombre de protocoles de sécurité ont été réajustés, notamment autour du président de la République ». « Par ailleurs, l'Agence nationale de sécurité des systèmes d'information a commencé à proposer aux personnes qui pourraient avoir été ciblées par une attaque un accompagnement technique », a-t-il ajouté.
Mais en attendant que toute la lumière soit faite sur cette affaire, le porte-parole du gouvernement rapporte qu’Emmanuel Macron « a lui-même changé de téléphone et de numéro de téléphone pour certains échanges ». « C’est une sécurité supplémentaire », a expliqué la présidence en précisant qu’« il a plusieurs téléphones. Cela ne veut pas dire qu’il a été espionné ». De même, pour rassurer les personnes qui évoqueraient la thèse de la négligence qui aurait favorisé des failles exploitables par Pegasus, Attal a précisé sur le plateau de France Inter que « les téléphones [du président] sont changés régulièrement. Il y a un certain nombre de paramètres de sécurité qui les protègent et qui sont changés très régulièrement. Il y a des protections qui sont faites ». En outre, une source sécuritaire anonyme avait déjà rapporté que « les paramètres de sécurité [du téléphone du président] sont les plus restrictifs possible et les installations d'applications et téléchargements sont bloquées ».
À noter que pour les communications impliquant des sujets de secret-défense, le président utiliserait un téléphone conçu par l’entreprise française Thalès. Le Teorem, qui est son nom, est un téléphone à clapet composé de touches physiques. Il ne permet ni l’installation d’applications, ni même l’enregistrement de contacts dans son répertoire.
Par contre, pour les sujets aussi importants, mais qui ne relèvent pas du secret-défense, le président utiliserait un téléphone tactile doté d’une technologie spéciale de chiffrement des conversations. Ces sécurités additionnelles font qu’il est impossible de les utiliser pour entretenir des conversations sur les plateformes de messagerie comme WhatsApp, Telegram ou autres, alors qu’il est dit qu’Emmanuel Macron a une préférence particulière pour ces plateformes privées de communication. Pour contourner les contraintes qu’imposent les téléphones chiffrés fournis par les services de sécurité de l’Élysée, le président utilise depuis plusieurs années ses deux iPhone au quotidien. Le problème est que ces iPhone sont moins sécurisés et pourraient avoir été compromis par Pegasus.
Avec cette affaire, ce sont toutes les habitudes de communication aussi bien des présidents que des hommes d’État qui pourraient être remises en cause. Si un des iPhone du président français a été effectivement compromis et les données volées, changer de téléphone et de numéro pourrait dans le meilleur des cas simplement éviter un autre mauvais scénario à l’avenir, mais ne pourra rien changer à ce qui a été déjà fait. Par contre, si le téléphone n’a pas été compromis, le président va devoir penser à s’accommoder avec les appareils restrictifs et plus sécurisés de l’Élysée, car actuellement c’est Pegasus qui a été découvert. Mais qu’est-ce qui dit que d’autres logiciels espions plus sophistiqués ne sont pas en action dans la nature ? Dans tous les cas, il est notoire que les pays s’espionnent entre eux. Ce n’est que celui qui est découvert qui doit assumer son forfait. En 2016 par exemple, la DGSE a confirmé que les États-Unis ont espionné trois présidents français entre 2006 et 2012. Par contre, la France elle-même aurait mené une vaste opération d'espionnage informatique contre le Canada sur plusieurs années à partir de 2009.
Devant cette affaire qui suscite beaucoup d’inquiétudes, la chancelière allemande Angela Merkel a déclaré aux journalistes à Berlin que les logiciels espions devraient être refusés aux pays où il n'y a pas de contrôle judiciaire. Cela sous-entend bien évidemment qu’on peut les vendre à certains pays pour qu’ils espionnent d’autres pays, mais à d’autres, on doit leur refuser l’accès.
Voyant monter la pression autour du logiciel vendu par NSO Group, Israël qui supervise les exportations des logiciels de NSO Goup a, à travers son Agence gouvernementale de contrôle des exportations de défense (abrégé DECA en anglais), déclaré par l’intermédiaire de Ram Ben-Barak, chef de la Commission des affaires étrangères et de la défense de la Knesset, que « nous devons certainement réexaminer toute cette question de licences accordées par le DECA ». L'équipe du gouvernement israélien « effectuera ses vérifications, et nous nous assurerons d'examiner les résultats et de voir si nous devons arranger les choses ici », a affirmé Ben-Barak, ancien chef adjoint du Mossad. Par ailleurs, pour atténuer les craintes qui émergent, il ajouta que l'utilisation appropriée de Pegasus avait « aidé un grand nombre de personnes ». Le ministère de la Défense israélienne de son côté soutient que Pegasus est destiné à être utilisé pour suivre uniquement les terroristes ou les criminels, et tous les clients étrangers sont des gouvernements contrôlés.
NSO, qui s’est résolu à ne plus faire de commentaires sur les articles de presse l’accusant d’avoir contribué à la surveillance d’hommes politiques et autres, avance qu'il ne connaît pas les identités spécifiques des personnes contre lesquelles les clients utilisent Pegasus. S'il reçoit une plainte selon laquelle Pegasus a été utilisé à mauvais escient par un client, il peut acquérir rétroactivement les listes de cibles et, si la plainte est fondée, fermer unilatéralement le logiciel de ce client.
Source : France 24, RFI, Twitter France Inter
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Quels commentaires faites-vous du changement de numéro et de téléphone par E. Macron ?
Que vous suggère toute cette affaire d’espionnage que les pays dénoncent, alors que les mêmes s'y adonnent à cœur joie en cachette ?