
Le chiffrement de bout en bout subit des attaques de la part des autorités gouvernementales et étatiques, notamment des régulateurs et des forces de l'ordre, depuis de nombreuses années. Ces dernières voient le chiffrement de bout en bout comme un outil de sécurité important, mais ordonnent essentiellement aux entreprises de casser ce chiffrement de bout en bout par tous les moyens technologiques possibles. Elles évoquent tout un tas de raisons pour justicier cette demande ; elles vont de la protection des enfants en ligne à la lutte contre le terrorisme. Bien sûr, elles font face à une opposition farouche, mais un pas important vient d'être franchi aux États-Unis.
Jeudi dernier, la commission judiciaire du Sénat américain a adopté un projet de loi qui obligerait les entreprises technologiques à signaler à la Drug Enforcement Agency (DEA : l'agence fédérale chargée de la lutte contre le trafic et la distribution des stupéfiants) les internautes soupçonnés d'être impliqués dans des activités criminelles liées à la drogue. Des responsables de la DEA auraient passé plusieurs mois à peaufiner le projet de loi avec des sénateurs clés. La commission parlementaire a voté en faveur de son adoption par 16 voix contre 5. La proposition de loi est désormais soumise au Sénat, où elle pourrait bientôt faire l'objet d'un débat et d'un vote général.
Le projet de loi est baptisé "Cooper Davis Act", ainsi nommé en hommage à un adolescent du Kansas décédé en 2021 d'une overdose de fentanyl qu'il s'est procuré sur Snapchat. Dans sa forme actuelle, le texte du projet de loi indique que : lorsqu'un internaute est soupçonné d'activités criminelles liées aux stupéfiants, la plateforme concernée est tenue d'envoyer directement à la DEA des rapports détaillés contenant des informations personnelles sur cet utilisateur. Les plateformes ou les services en ligne qui ne se conformeraient pas à la nouvelle réglementation s'exposeraient à de lourdes amendes et pourraient même voir leur responsabilité engagée.
Le projet de loi est très controversé et a suscité la colère des défenseurs de la vie privée, qui voient dans cette proposition de loi une porte ouverte à de vastes efforts de surveillance d'Internet par le gouvernement fédéral. Cela dit, les partisans du projet de loi, dont Dick Durbin (D-IL), président de la commission judiciaire du Sénat, affirment qu'il permettrait de réprimer les marchés de drogues illicites qui ont proliféré sur les plateformes de médias sociaux. Jeudi, de nombreux groupes de défense ont condamné le vote de la commission. Cody Venzke, conseiller politique principal de l'Union américaine pour les libertés civiles (ACLU), a déclaré ce qui suit :


Meredith Whittaker, la présidente de la fondation à l'origine de l'application chiffrée populaire Signal, a attaqué le langage "volontairement aveugle" du projet de loi dans un tweet publié vendredi, déclarant : « ne pas mettre de caméras dans les chambres à coucher de tout le monde ? Ne pas suivre la localisation de tous les résidents ? Utiliser E2E ? C'est de l'aveuglement volontaire dans cette logique ». Whittaker [URL="https://securite.developpez.com/actu/346546/"]a[/url="https://securite.developpez.com/actu/346546/"]...The effort to eliminate privacy in the name of 'safety' continues. Anything ≤ total surveillance of everyone = 'willful blindness.'
— Meredith Whittaker (@mer__edith) July 14, 2023
Failing to put cameras in everyone's bedrooms? Not tracking all residents with location? Using E2E? All willful blindness by this logic. https://t.co/GJeedPUbiW
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