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Microsoft et Google pourraient devoir remettre des données personnelles à l'Arabie saoudite après avoir signé de gros contrats dans ce pays,
Selon des groupes de défense des droits de l'homme

Le , par Mathis Lucas

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Google et Microsoft font de nouveau l'objet de critiques en raison de leurs investissements massifs dans la construction de centres de données en Arabie saoudite. Ces investissements participent aux plans des autorités saoudiennes visant à transformer le pays en une plaque tournante de la technologie et de l'innovation. Cependant, des défenseurs des droits de l'homme affirment que ces entreprises technologiques pourraient devenir complices de la surveillance et de la répression saoudiennes. Les critiques affirment en outre que l'Arabie saoudite a des lois peu contraignantes en matière de protection de la vie privée et des antécédents en matière de persécution des dissidents.

Les autorités saoudiennes ont annoncé que Microsoft avait investi environ 2 milliards de dollars dans la construction d'un centre de stockage en cloud dans le royaume. L'annonce a été faite lors de LEAP 2023, une conférence technologique annuelle organisée à Riyad, en Arabie saoudite, où des patrons très en vue fraternisent avec des responsables saoudiens et des planificateurs de Neom, le mégadéveloppement de 1 000 milliards de dollars du prince héritier Mohammed ben Salman. Ce projet vise à transformer l'Arabie saoudite, surtout connue pour ses réserves de pétrole et son interprétation ultraconservatrice de l'islam, en un grand pôle technologique.

Le pari de Microsoft verra la construction d'un grand centre de données dans le royaume. Cette annonce fait suite à celle de Google, qui a annoncé l'an dernier qu'il s'associe à la compagnie pétrolière publique saoudienne Saudi Aramco pour construire un centre de stockage en cloud dans le royaume. Selon Abdul Rahman Al Thehaiban, directeur général de Google Cloud Platform pour la Turquie, le Moyen-Orient et l'Afrique, la nouvelle solution de cloud computing permettra aux entreprises de la région de développer et d'adapter leurs offres tout en fournissant plus rapidement des produits et des services numériques. Mais cela suscite le scepticisme.


Alors que les entreprises technologiques s'empressent de décrocher de lucratifs contrats avec l'Arabie saoudite, les défenseurs des droits de l'homme craignent que les autorités saoudiennes n'utilisent les vastes réserves d'informations numériques stockées dans le royaume pour intensifier la persécution des dissidents. Ils mettent en garde les Big Tech qui pourraient être contraints de remettre des données privées aux autorités saoudiennes. Alan Woodward, professeur en informatique à l'université de Surrey, estime que les autorités saoudiennes pourraient potentiellement accéder à de vastes quantités d'informations politiques sensibles stockées dans le cloud.

« Le gouvernement saoudien peut essentiellement faire ce qu'il veut. Et si vous imaginez tout ce qui est mis en ligne, il pourrait s'agir de quelque chose de très délicat, qui pourrait être utilisé contre les dissidents », a déclaré le professeur Woodward. Il a ajouté que des pays comme l'Arabie saoudite ont souvent dit aux entreprises : « si vous voulez opérer dans ce pays, vous devez conserver les données dans ce pays ». Selon le professeur Woodward, cette mise en garde a été faite pour une raison évidente ; c'est pour que les autorités saoudiennes puissent potentiellement accéder aux données en cas de besoin pour traquer les opinions dissidentes.

Dans un rapport publié en mai, Human Rights Watch (HRW) a indiqué qu'en vertu de la législation saoudienne, les services de sécurité disposent de pouvoirs étendus pour accéder aux données et peuvent contraindre les entreprises à communiquer des informations privées. Selon le rapport, les lois saoudiennes en matière de sécurité nationale sont mal définies et ambigües, ce qui pourrait donner lieu à plusieurs formes d'abus. L'organisation a indiqué que Google et Microsoft, deux des plus grandes entreprises technologiques au monde, refusaient de divulguer la manière dont elles protégeraient la confidentialité des données hébergées dans le royaume.

Marwa Fatafta, analyste au sein de l'association de défense des droits numérique Access Now, s'est demandé si Microsoft avait réellement enquêté sur la manière dont ils prévoient d'atténuer les éventuelles violations des droits de l'homme ou de la vie privée en construisant une telle infrastructure en Arabie saoudite. Elle suggère que cette décision pourrait signifier que Microsoft offre les données des utilisateurs sur un plateau d'argent. « Google et Microsoft ont-ils vraiment étudié la manière dont ils prévoient d'atténuer les violations potentielles des droits de l'homme ou de la vie privée en construisant de telles infrastructures ? », a déclaré Fatafta.

« Le communiqué de presse de Microsoft sur l'investissement ne partage pas ce sentiment et présente plutôt la région du centre de données comme un développement qui répondra aux besoins des organisations, des entreprises et des développeurs en matière de résidence des données, de sécurité, de confidentialité et de conformité », a déclaré Samer Abu-Ltaif, vice-président et président de Microsoft pour l'Europe centrale et de l'Est, le Moyen-Orient et l'Afrique. Le président de Microsoft Arabie, Thamer Alharbi, ajoute que l'investissement "reflète l'engagement de Microsoft envers l'Arabie saoudite et ses ambitions en matière de transformation numérique.

En réponse aux critiques, Microsoft a déclaré qu'il restait attaché aux droits de l'homme, mais n'a donné aucun détail concret sur la manière dont la société protégerait la confidentialité des données tout en opérant dans un État qui ne la reconnaît pas. De son côté, Google affirme : « comme le paysage mondial continue d'évoluer, nous nous engageons à collaborer avec les organisations de défense des droits de l'homme et l'industrie technologique au sens large pour faire respecter les droits de l'homme dans tous les pays où nous opérons ». Toutefois, selon les critiques, il sera difficile pour la firme de Mountain View d'imposer ses volontés au royaume.

Des experts de la protection de la vie privée ont également critiqué le projet Neom du prince héritier Mohammed ben Salmane. Il s'agit d'une grande ville futuriste, qui s'étend sur environ 26 500 kilomètres carrés hectares, que Mohammed ben Salmane fait construire dans la province de Tabuk, au nord-ouest de l'Arabie saoudite. Le site Web du projet indique que la ville de Neom alimentera le futur et présente des plans pour un "centre de données sécurisé", ainsi qu'un "métavers à réalité mixte" et une "robotique avancée". Ni Google ni Microsoft n'ont voulu dire s'ils étaient impliqués dans la construction de l'infrastructure numérique de Neom.

Le site du projet indique également que la construction de ce soi-disant "moteur économique" devrait coûter 500 milliards de dollars dont une grande partie proviendra du Fonds d'investissement public (PIF) du Royaume d'Arabie saoudite, l'un des plus grands fonds souverains du monde. Le PIF, créé en 1971, est dirigé par Mohammed ben Salmane. Les critiques ont également pointé du doigt deux ex-employés de Twitter qui ont été accusés en 2019 d'avoir transmis des données personnelles sur des critiques saoudiens à un allié du prince héritier. À l'époque, le royaume avait été accusé d'avoir infiltré Twitter, ce qu'il a suscité un scandale mondial.

Au début du mois, la Saoudienne Fatima al-Shawarbi aurait été condamnée à 30 ans de prison pour avoir critiqué le projet Neom sur Twitter. Fatima al-Shawarbi, âgée d'une vingtaine d'années, aurait également été arrêtée en 2020 pour avoir dénoncé le traitement réservé aux femmes par l'Arabie saoudite, appelant à une monarchie constitutionnelle plutôt qu'à la dictature qui existe actuellement. Comme Google, Microsoft a annoncé que les droits de l'homme constituent une valeur fondamentale de l'entreprise. Cette dernière a déclaré qu'elle mettra tout en œuvre pour les faire respecter dans toutes les régions du globe où elle fait des investissements.

En septembre, l'Arabie saoudite devrait mettre en œuvre son premier plan de protection des données - la loi sur la protection des données personnelles (PDPL) - bien que l'on ne sache pas si elle empêchera les poursuites liées à la liberté d'expression sur les médias sociaux dans des cas similaires à celui d'al-Shawarbi.

Sources : le projet Neom, Microsoft

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