Pour rappel, suite aux défaillances du logiciel MCAS du 737 MAX, les États-Unis ont ouvert une enquête criminelle sur Boeing en mars 2024. Le ministère américain de la Justice (DOJ) a enquêté sur l'explosion en plein vol d'un panneau de fuselage d'un Boeing 737 MAX 9 d'Alaska Airlines survenu le 5 janvier 2024. Un rapport indique que les enquêteurs ont contacté les passagers et l'équipage d'Alaska Airlines sur le vol concerné. Il n'y a pas eu de morts ni de blessés graves, mais Boeing fait l'objet de vives critiques depuis l'incident. Précédemment, Boeing avait également été accusé de complot pour fraude sur le 737 Max et a accepté de payer plus de 2,5 milliards de dollars, après les deux accidents mortels impliquant le logiciel MCAS.
Plus récemment, entre le 19 et le 20 octobre 2024, un satellite construit par Boeing, l'Intelstat 33e, a mystérieusement explosé en orbite géostationnaire, laissant plusieurs débris dans l'espace. Le véhicule n'était apparemment pas assuré lorsqu'il a éclaté en au moins 20 morceaux, provoquant potentiellement des collisions en cascade. La raison pour laquelle l'Intelsat 33e s'est désintégré n'est pas claire. Intelsat, le fournisseur de service qui a exploité le satellite, a déclaré qu'une « anomalie » avait provoqué une interruption de service pour ses clients et que, malgré l'aide de Boeing pour remettre l'engin en état de marche, « Intelsat 33e est une perte totale ». Cet incident vient s'ajouter aux problèmes incessants du 737 Max de Boeing et l'échec cuisant du vol d'essai avec équipage de sa capsule spatiale Starliner.
Ces séries d'incidents ont conduit la société à envisager de céder ses activités liées à la NASA, y compris celles associées à son véhicule Starliner, qui connaît des problèmes, selon le Wall Street Journal, citant des personnes familières avec le dossier,
Interrogé sur le sujet, un porte-parole de Boeing a déclaré que la société « ne commente pas les rumeurs ou les spéculations du marché ».
Le directeur général Kelly Ortberg, qui a rejoint Boeing en août, a déclaré en début de semaine du 21 octobre qu'il passait en revue les opérations de la société dans le but de réduire le profil de Boeing.
Il est préférable pour Boeing de « faire moins et mieux que de faire plus et mal », a déclaré Kelly Ortberg le mercredi 23 octobre lors d'une conférence téléphonique avec des analystes.
Bien qu'il n'ait pas fait part de son intention de réduire le programme spatial de Boeing, Kelly Ortberg a indiqué que les avions commerciaux et la défense étaient des produits « essentiels » qui « resteront toujours au sein de la société Boeing ».
Ces déclarations ont été faites après que Boeing a annoncé une perte considérable de 6,2 milliards de dollars, due en partie à une grève de six semaines dans la région de Seattle, qui a entraîné la fermeture de deux usines d'assemblage.
Mercredi également, le syndicat des machinistes a rejeté la dernière offre de contrat de Boeing, ce qui a encore assombri les perspectives de l'entreprise.
Boeing travaille depuis des années en étroite collaboration avec la National Aeronautics and Space Administration (NASA), mais le programme spatial de l'entreprise a subi d'importants revers ces dernières années.
Après de nombreux retards, Starliner a été lancé en juin pour ce qui devait être une mission d'essai d'environ une semaine.
Mais des dysfonctionnements inattendus des propulseurs et des fuites d'hélium en route vers la Station spatiale internationale (ISS) ont fait dérailler ces plans, et la NASA a finalement décidé en septembre qu'il était plus sûr de ramener deux astronautes à bord d'un vaisseau exploité par SpaceX.
Alors que Boeing tente de regagner la confiance du public et des compagnies aériennes après ces incidents récents, un lanceur d'alerte de Boeing affirme avoir fait l'objet de représailles pour avoir dénoncé des « raccourcis » pris dans le processus de production. Sam Salehpour, ingénieur chevronné chez Boeing, a en effet fait part de ses graves préoccupations concernant le processus d'assemblage de l'avion phare de la société, le 787 Dreamliner. S'exprimant franchement lors d'un briefing virtuel avec des journalistes, M. Salehpour a fait la lumière sur ce qu'il perçoit comme des raccourcis préjudiciables pris dans la hâte afin d'atteindre les quotas de production, en particulier lors de la fixation cruciale du fuselage en composite de carbone du Dreamliner. Selon Sam Salehpour, ces révélations lui ont valu des représailles de la part de la société.
« Au début, on lui a simplement dit de se taire. Puis on lui a dit qu'il était un problème. Ensuite, il a été exclu des réunions », a déclaré Debra Katz, l'avocate de M. Salehpour. « On lui a interdit de parler aux ingénieurs structurels. On lui a interdit de parler à des mathématiciens et à d'autres personnes susceptibles de l'aider à comprendre les données. À un moment donné, son patron l'a [même] menacé de violence physique ».
Source : The Wall Street Journal
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