Malgré le soutien affiché par des entreprises comme Amazon et Best Buy, les critiques soulignent que ce label ne garantit qu’un niveau de sécurité temporaire, valable uniquement jusqu’à la découverte de la prochaine vulnérabilité. Comparé à des initiatives similaires, comme EnergyStar, le programme semble manquer de profondeur en matière de vérification, reposant davantage sur des déclarations des fabricants que sur des audits rigoureux.
Dans un quotidien toujours plus connecté, des appareils conçus pour nous simplifier la vie, tels que les friteuses à air ou les aspirateurs robots, pourraient en réalité exposer nos informations personnelles. Un rapport récent alerte sur le risque que ces objets transmettent involontairement des données sensibles à des entreprises ou même à des États étrangers, comme la Chine. Cette révélation incite à repenser la notion de vie privée dans un monde où chaque appareil connecté peut devenir une porte ouverte sur nos habitudes.
Les inquiétudes vont plus loin : certains évoquent déjà le risque que des fabricants peu scrupuleux reproduisent ou contournent facilement ce label, comme cela a été le cas avec d’autres certifications par le passé. Par ailleurs, la dépendance des appareils connectés à des services basés sur le cloud renforce le scepticisme. Tant que ces dispositifs obligent les utilisateurs à se connecter aux serveurs des fabricants, leur prétendue cybersécurité reste sujette à caution, notamment en cas de portes dérobées ou de failles de sécurité non détectées.
Le programme d'étiquetage volontaire en cybersécurité pour les produits connectés sans fil a été conçu pour aider les Américains à faire des choix éclairés concernant la cybersécurité des objets qu'ils intègrent dans leurs foyers, tels que les moniteurs pour bébés et les systèmes de sécurité. Ce programme vise à améliorer la transparence en matière de cybersécurité et à renforcer la confiance des consommateurs dans les produits intelligents qu'ils utilisent au quotidien.
Le 18 juillet 2023, l'administration Biden-Harris a annoncé la création d'un programme de certification et d'étiquetage pour faciliter le choix d'appareils plus sûrs, moins vulnérables aux cyberattaques. Le label « U.S. Cyber Trust Mark », proposé par Jessica Rosenworcel, présidente de la FCC, permettra de renforcer la cybersécurité des appareils domestiques courants tels que les réfrigérateurs intelligents, micro-ondes, téléviseurs, systèmes de climatisation et appareils de suivi de la condition physique. Cette initiative fait partie des efforts de l'administration Biden pour protéger les familles en luttant contre les frais cachés, en améliorant les protections contre les cybermenaces et en garantissant la sécurité de la vie privée à domicile.
De nombreux fabricants d'électronique, d'appareils électroménagers, ainsi que des détaillants et associations professionnelles, ont déjà pris des engagements volontaires pour améliorer la cybersécurité des produits qu'ils commercialisent. Parmi les entreprises soutenant le programme figurent Amazon, Best Buy, Google, LG Electronics U.S.A., Logitech et Samsung Electronics. Le programme prévoit l'apposition d'un logo distinctif « U.S. Cyber Trust Mark » sur les produits certifiés, offrant ainsi aux consommateurs un moyen simple d'identifier les produits respectant les normes de cybersécurité et de prendre des décisions éclairées pour sécuriser leur foyer.
Le lancement officiel du label « U.S. Cyber Trust Mark » a été annoncé par la Maison Blanche après un processus de consultation publique de 18 mois. Ce programme a été adopté par la FCC, suite à un vote bipartisan et unanime des commissaires, qui ont validé les règles finales et le logo du label. En décembre 2024, la FCC a approuvé 11 entreprises comme administrateurs du programme, avec UL Solutions sélectionnée comme administrateur principal.
Les Américains possèdent chez eux de nombreux appareils « intelligents » interconnectés sans fil, allant des moniteurs pour bébés aux caméras de sécurité à domicile en passant par les assistants à commande vocale. Ces appareils font partie de la vie quotidienne des Américains. Mais les Américains s'inquiètent de l'augmentation du nombre de criminels qui piratent à distance les systèmes de sécurité domestique pour déverrouiller les portes, ou d'attaquants malveillants qui se branchent sur des caméras domestiques non sécurisées pour enregistrer des conversations de manière illicite.
Une réponse fédérale à la menace des cyberattaques domestiques
La Maison-Blanche a lancé cette initiative bipartisane afin d'informer les consommateurs américains et de leur donner un moyen facile d'évaluer la cybersécurité de ces produits, ainsi que d'inciter les entreprises à produire des dispositifs plus cybersécurisés, tout comme les labels EnergyStar l'ont fait pour l'efficacité énergétique. Les principaux fabricants de produits électroniques, d'appareils électroménagers et de biens de consommation, ainsi que les détaillants et les associations professionnelles, se sont efforcés d'améliorer la cybersécurité des produits qu'ils vendent.
Le programme américain Cyber Trust Mark leur permet de tester leurs produits en fonction des critères de cybersécurité établis par l'Institut national américain des normes et de la technologie, grâce à des tests de conformité effectués par des laboratoires accrédités, et d'obtenir le label Cyber Trust Mark, offrant ainsi aux consommateurs américains un moyen simple de vérifier la cybersécurité des produits qu'ils choisissent d'introduire dans leur foyer.
En réponse au lancement du programme, plusieurs grandes entreprises ont exprimé leur soutien et se sont engagées à informer les consommateurs sur le nouveau label « Cyber Trust Mark ». Michael Dolan, directeur principal chez Best Buy, responsable de la protection des données et de la vie privée, a déclaré : « Nous voyons un grand potentiel dans le programme Cyber Trust Mark. C’est une avancée positive pour les consommateurs et nous sommes ravis de pouvoir promouvoir ce programme auprès de nos clients. »
Steve Downer, vice-président chez Amazon, a ajouté : « Amazon soutient l’objectif du Cyber Trust Mark, qui vise à renforcer la confiance des consommateurs dans les appareils connectés. Nous pensons que les consommateurs apprécieront de voir cette marque, tant sur les emballages des produits que lors de leurs achats en ligne. Nous sommes impatients de travailler avec les partenaires de l’industrie et le gouvernement pour éduquer les consommateurs et mettre en œuvre ce programme. »
Justin Brookman, directeur de la politique technologique chez Consumer Reports, a également réagi : « Nous sommes impatients de voir ce programme conduire à la création d'une marque de confiance dans le cyberespace, permettant aux consommateurs de savoir que leurs appareils connectés respectent des normes de cybersécurité essentielles. Cette marque indiquera également si une entreprise prévoit de soutenir le produit par des mises à jour logicielles et pendant combien de temps. Bien que cette initiative soit volontaire, nous espérons que les fabricants demanderont à apposer ce label et que les consommateurs le rechercheront une fois disponible. »
Un label pour rassurer, mais pas pour protéger : Les limites du « U.S. Cyber Trust Mark »
Le lancement du label de cybersécurité « U.S. Cyber Trust Mark » par la Maison Blanche semble être une initiative ambitieuse pour répondre aux préoccupations croissantes concernant la sécurité des objets connectés. Cependant, plusieurs éléments suggèrent que cette démarche pourrait manquer de substance et s’apparenter davantage à une opération de communication qu’à une véritable avancée en matière de cybersécurité.
D’une part, la méthodologie repose sur l’évaluation des produits par les fabricants eux-mêmes selon des critères définis par le NIST. Cela soulève des doutes sur la rigueur des vérifications effectuées, surtout dans un contexte où les audits de conformité sont souvent perçus comme des formalités administratives. Sans mécanisme robuste et indépendant pour auditer ces produits, le label risque de devenir un simple outil marketing, facilement détourné par des entreprises peu scrupuleuses.
D’autre part, le label semble ignorer les défis structurels des appareils connectés, notamment leur dépendance aux services basés sur le cloud. Tant que les utilisateurs ne peuvent pas exercer un contrôle total sur leurs appareils sans passer par les serveurs des fabricants, les garanties de sécurité resteront limitées. Cette dépendance rend les consommateurs vulnérables à des pratiques intrusives ou à des failles de sécurité exploitées à grande échelle.
Enfin, la perspective que des fabricants peu fiables puissent copier ou falsifier le label réduit son impact potentiel. L’absence de mécanismes solides pour dissuader de telles pratiques pourrait rapidement décrédibiliser l’initiative. Par ailleurs, les vulnérabilités évoluant rapidement, un label qui n’est pas accompagné d’un suivi régulier devient obsolète dès qu’une nouvelle faille est découverte.
En résumé, bien que le « U.S. Cyber Trust Mark » puisse représenter une première étape pour sensibiliser le public à la cybersécurité, son efficacité dépendra largement de la mise en place de processus de certification rigoureux, indépendants et continus. À défaut, il risque de renforcer un faux sentiment de sécurité chez les consommateurs, sans résoudre les problèmes fondamentaux des appareils connectés.
Sources : The White House, Federal Communications Commission
Quel est votre avis sur le sujet ?
Pourquoi le programme ne repose-t-il pas sur des audits indépendants pour valider les déclarations des fabricants ?
En quoi le « U.S. Cyber Trust Mark » diffère-t-il d’autres labels comme EnergyStar en termes de profondeur et d’impact ?
Voir ausi :
L'internet des objets devrait doubler de volume, et passer de 2,1 milliards de connexions en 2021 à 4,3 milliards d'ici 2026, l'adoption de la 5G étant étroitement liée à la croissance du marché
Une simple friteuse à air pourrait transmettre vos données personnelles à des entreprises étrangères, un rapport révèle que de nombreux appareils connectés collectent des quantités « excessives » de données