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Comment les technologies américaines ont rendu possible la surveillance de masse et la détention de centaines de milliers de personnes en Chine
La face sombre de la Silicon Valley

Le , par Stéphane le calme

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Comment les technologies américaines ont rendu possible la surveillance de masse
et la détention de centaines de milliers de personnes en Chine, la face sombre de la Silicon Valley

Alors que la Silicon Valley se présente comme un moteur de progrès et d’innovation au service de la liberté numérique, ses technologies se retrouvent au cœur de l’appareil de surveillance et de détention de masse en Chine. Des processeurs aux logiciels de traitement de données, les géants américains ont fourni les outils qui alimentent le contrôle social du régime, révélant le paradoxe d’une industrie qui vante la modernité tout en fermant les yeux sur l’usage répressif de ses produits.

L’histoire d’Internet et des technologies numériques est souvent racontée comme une épopée de libération. Au tournant des années 2000, les géants de la Silicon Valley affirmaient vouloir connecter le monde, briser les frontières de l’information et démocratiser l’accès au savoir. Mais derrière cette rhétorique d’émancipation, les faits montrent que la même innovation a servi à renforcer certains des régimes les plus autoritaires de la planète. La Chine en est l’exemple le plus frappant : au lieu d’affaiblir le contrôle de l’État, la technologie importée d’Occident a contribué à bâtir une machine de surveillance tentaculaire, capable de suivre, classifier et interner des centaines de milliers de citoyens.

L’ombre américaine derrière le « modèle chinois » de surveillance

Pékin a investi massivement dans ses infrastructures numériques, mais il serait illusoire de penser que ce système est né en vase clos. Dès les années 1990, des groupes comme Cisco, Microsoft ou Sun Microsystems ont fourni les premiers briques du Grand Firewall. Plus tard, l’essor de la reconnaissance faciale et de l’intelligence artificielle a reposé sur des processeurs et cartes graphiques made in USA. Nvidia, Intel, AMD et d’autres ont alimenté les data centers chinois, indispensables au traitement de millions de flux vidéo.

Les enquêtes universitaires et ONG documentent un fait dérangeant : les supercalculateurs employés dans la région du Xinjiang pour analyser les images de surveillance fonctionnent grâce à des puces graphiques américaines. Ces composants, officiellement destinés à la recherche scientifique ou aux jeux vidéo, deviennent les outils silencieux d’un quadrillage policier sans précédent.


Le Xinjiang, vitrine d’une gouvernance numérique autoritaire

Dans cette région à majorité ouïghoure, la surveillance est totale. Des check-points équipés de scanners biométriques aux caméras installées dans les mosquées, des applications obligatoires sur les téléphones aux prélèvements d’ADN imposés, tout concourt à établir une traçabilité exhaustive de la population.

Ces données alimentent ensuite des systèmes d’intelligence artificielle capables de produire des profils individuels. Un simple déplacement jugé inhabituel ou l’usage d’une application étrangère peut suffire à déclencher une alerte et mener à une arrestation. Dans de nombreux cas, la machine décide à la place de l’humain : c’est l’algorithme qui détermine qui doit être placé sous surveillance accrue ou envoyé dans un centre de « rééducation ».

Derrière ce dispositif policier, on retrouve des technologies occidentales qui, sans leur puissance de calcul et leur efficacité, n’auraient jamais permis une telle automatisation.

Le cas de Yang Guoliang, documenté par l'AP, est une illustration de la situation qui y règne.

Alors qu'il gisait ensanglanté et paralysé dans un lit d'hôpital après avoir été battu à coups de briques par la police, une caméra corporelle était suspendue au-dessus de la perfusion intraveineuse, enregistrant le moindre mouvement. À cette époque, la surveillance n'était pas une nouveauté pour la famille Yang, vivant dans une région rurale de Chine, prise au piège dans un réseau complexe basé sur une technologie américaine qui les espionne et prédit leurs actions.

Leurs billets de train, leurs réservations d'hôtel, leurs achats, leurs SMS et leurs appels téléphoniques sont transmis au gouvernement. Leur maison est entourée de plus d'une douzaine de caméras. Ils ont tenté de se rendre à Pékin à 20 reprises au cours des dernières années, mais des hommes masqués se présentent et les arrêtent, souvent avant même leur départ. Et l'année dernière, la femme et la fille cadette de Yang ont été arrêtées et sont désormais jugées pour avoir perturbé le travail de l'État chinois, un crime passible d'une peine pouvant aller jusqu'à dix ans de prison.

Pourtant, les Yang affirment qu'ils ne sont pas des criminels. Ce sont simplement des agriculteurs qui tentent de supplier Pékin d'empêcher les autorités locales de saisir leur terrain d'un hectare et demi dans la province du Jiangsu, dans l'est de la Chine.

« Chaque mouvement dans ma propre maison est surveillé », a déclaré Yang, assis derrière des rideaux noirs qui le protègent de la lumière aveuglante des projecteurs de la police braqués directement sur sa maison. « Leur surveillance me fait me sentir en insécurité tout le temps, partout. »


Xi Jinping se rend dans la région chinoise du Xinjiang malgré les critiques concernant les détentions massives

La police prédictive

Les entreprises américaines ont contribué à la situation en apportant la « police prédictive » en Chine, une technologie qui aspire et analyse des données pour prévenir les crimes, les manifestations ou les attaques terroristes avant qu'ils n'arrivent. Ces systèmes exploitent une grande variété d'informations : textos, appels, paiements, vols, vidéos, prélèvements d'ADN, livraisons de courrier, Internet, et même la consommation d'eau et d'électricité, pour repérer les individus jugés suspects et prédire leur comportement. Mais ils permettent également à la police chinoise de menacer les amis et la famille et de détenir préventivement des personnes pour des crimes qu'elles n'ont même pas commis.

Par exemple, l'AP a découvert qu'un sous-traitant chinois du secteur de la défense, Huadi, avait collaboré avec IBM pour concevoir le principal système de surveillance connu sous le nom de « Bouclier d'or » afin de permettre à Pékin de censurer Internet et de réprimer les terroristes présumés, la secte religieuse Falun Gong et même les villageois jugés gênants, selon des milliers de pages de plans gouvernementaux classifiés sortis de Chine par un lanceur d'alerte, vérifiés par l'AP et révélés ici pour la première fois. IBM et d'autres entreprises qui ont répondu ont déclaré qu'elles se conformaient pleinement à toutes les lois, sanctions et contrôles à l'exportation américains régissant les activités commerciales en Chine, passées et présentes.

Dans toute la Chine, des systèmes de surveillance suivent les « personnes clés » inscrites sur une liste noire, dont les déplacements sont restreints et contrôlés. Au Xinjiang, les administrateurs ont classé les personnes comme présentant un risque élevé, moyen ou faible, souvent selon un barème de 100 points avec des déductions pour des facteurs tels que le fait de porter la barbe, d'être âgé de 15 à 55 ans ou simplement d'être ouïghour.


Des inquiétudes subsistent quant à la destination finale des technologies vendues à la Chine

Si l'afflux de technologies américaines a considérablement ralenti à partir de 2019, après l'indignation et les sanctions suscitées par les atrocités commises au Xinjiang, il a néanmoins posé les bases de l'appareil de surveillance chinois, que les entreprises chinoises ont depuis développé et, dans certains cas, remplacé. À ce jour, des inquiétudes subsistent quant à la destination finale des technologies vendues à la Chine.

Par exemple, 20 anciens responsables américains et experts en sécurité nationale ont écrit une lettre fin juillet critiquant un accord prévoyant la vente par Nvidia à la Chine de puces H20 utilisées dans l'intelligence artificielle, dont 15 % des revenus seraient reversés au gouvernement américain. Ils ont déclaré que, quel que soit l'acheteur de ces puces, celles-ci finiraient entre les mains de l'armée et des services de renseignement chinois.

Nvidia a déclaré ne pas fabriquer de systèmes ou de logiciels de surveillance, ne pas travailler avec la police chinoise et ne pas avoir conçu la puce H20 pour la surveillance policière. Nvidia a publié en 2022 sur son compte WeChat que les sociétés de surveillance chinoises Watrix et GEOAI utilisaient ses puces pour former des drones de patrouille et des systèmes d'IA à identifier les personnes à partir de leur démarche, mais a déclaré à l'AP que ces relations n'existaient plus.

Selon des publications en ligne, Thermo Fisher et le fabricant de disques durs Seagate ont fait la promotion de leurs produits auprès de la police chinoise lors de conférences et de salons professionnels cette année. Les agents patrouillent dans les rues de Pékin équipés de talkies-walkies Motorola. Les puces Nvidia et Intel restent essentielles pour les systèmes policiers chinois, comme le montrent les marchés publics. Et les contrats de maintenance des logiciels et équipements IBM, Dell, HP, Cisco, Oracle et Microsoft existants restent omniprésents, souvent avec des tiers.

Les justifications fragiles des entreprises américaines

Confrontés à ces révélations, les géants de la tech invoquent un argument récurrent : ils ne contrôlent pas l’usage final de leurs produits. Cette défense s’appuie sur l’idée que la technologie serait neutre par essence, et que seule l’intention politique détermine son usage.

Mais cette ligne de défense s’effondre face à deux évidences. D’une part, les entreprises sont parfaitement informées du contexte chinois, où la surveillance numérique fait partie de la stratégie officielle de Pékin. D’autre part, elles ont déjà montré qu’elles étaient capables d’imposer des restrictions contractuelles strictes lorsqu’il s’agit de protéger leur propriété intellectuelle ou de limiter la concurrence. Pourquoi ces mêmes mécanismes ne s’appliqueraient-ils pas pour empêcher des usages répressifs documentés depuis des années ?

L’argument de la neutralité apparaît alors moins comme une conviction que comme une échappatoire pratique, destinée à protéger un marché gigantesque.

L'IA s'invite dans les technologies de surveillance

Les technologies de surveillance comprennent désormais des systèmes d'intelligence artificielle qui permettent de suivre et d'arrêter les migrants aux États-Unis et d'identifier les personnes à abattre dans le cadre du conflit entre Israël et le Hamas. La Chine, quant à elle, s'est inspirée des États-Unis pour devenir une superpuissance en matière de surveillance et vendre ses technologies à des pays comme l'Iran et la Russie.

Une enquête de l'AP s'est appuyée sur des dizaines de milliers d'e-mails et de bases de données divulgués par une société de surveillance chinoise, des dizaines de milliers de pages de documents confidentiels d'entreprises et du gouvernement, des supports marketing publics en chinois et des milliers de marchés publics, dont beaucoup ont été fournis par ChinaFile, un magazine numérique publié par l'organisation à but non lucratif Asia Society. L'AP s'est également appuyée sur des dizaines de demandes d'accès à des documents publics et sur des entretiens avec plus de 100 ingénieurs, cadres, experts, fonctionnaires, administrateurs et policiers chinois et américains, actuels et anciens.

Bien que les entreprises affirment souvent qu'elles ne sont pas responsables de l'utilisation qui est faite de leurs produits, certaines ont directement présenté leur technologie comme un outil permettant à la police chinoise de contrôler les citoyens, comme le montrent les documents marketing d'IBM, Dell, Cisco et Seagate. Leurs arguments de vente, présentés tant en public qu'en privé, reprenaient les slogans du Parti communiste sur la répression des manifestations, notamment « maintien de la stabilité », « personnes clés » et « rassemblements anormaux », et citaient des programmes visant à étouffer la dissidence, tels que « Police Internet », « Sharp Eyes » et « Golden Shield ».

Sources : lettre écrite au ministère américain du Commerce, Weixin (1, 2, 3), Safegard Defenders

Et vous ?

Trouvez-vous ces rapports crédibles ou pertinents ?

Une entreprise technologique peut-elle encore prétendre à la neutralité quand ses produits servent à des violations massives des droits humains ?

Les États-Unis sont-ils crédibles en dénonçant la répression chinoise tout en laissant leurs champions industriels alimenter cette même répression ?

Faut-il interdire purement et simplement l’exportation de technologies sensibles vers les régimes autoritaires ?

Les chartes éthiques et engagements « responsables » de la Silicon Valley ne sont-ils qu’un écran de fumée marketing ?

La dépendance au marché chinois condamne-t-elle les entreprises américaines à la compromission permanente ?

Voir aussi :

L'Argentine utilisera l'IA pour prédire les crimes futurs malgré les inconvénients liés aux logiciels de police prédictive, notamment les risques élevés de faux positifs et de violation des droits de l'homme

Les outils d'IA sont utilisés par la police qui « ne comprend pas comment ces technologies fonctionnent », selon une étude de l'Université d'État de Caroline du Nord
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Membre actif https://www.developpez.com
Le 10/09/2025 à 22:54
Les Twitter Files France révèlent qu'Emmanuel Macron a personnellement contacté Jack Dorsey en 2020 pour encourager la censure de contenus légaux sur Twitter.

La France a développé un "complexe industriel de la censure" coordonnant l'État, les ONG et les tribunaux avec 90% des signalements visant du contenu parfaitement légal. (Atlantico, Fabrice Epelboin) :

1. Un système de censure français pionnier démasqué
Les Twitter Files France révèlent que la France a développé, sous Emmanuel Macron, un véritable "complexe industriel de la censure" bien avant les États-Unis. Ce dispositif coordonné entre l'État, les ONG et les tribunaux français a servi de modèle pour d'autres pays, faisant de la France le berceau mondial de la censure numérique organisée.

2. Emmanuel Macron personnellement impliqué dans la pression sur Twitter
Les documents internes révèlent que le président français a directement cherché à contacter Jack Dorsey, alors PDG de Twitter, pour l'encourager dans ses politiques de "modération". En octobre 2020, Macron insistait pour obtenir le numéro personnel de Dorsey afin de lui envoyer des "mots de soutien" concernant de nouvelles fonctionnalités sur l'intégrité électorale

3. 90% des signalements visaient du contenu parfaitement légal
L'analyse des documents montre que près de 9 signalements sur 10 effectués par les acteurs français (parlementaires, ONG comme Sleeping Giants) ciblaient des publications entièrement légales. Cette proportion révèle l'ampleur du dérapage et la nature arbitraire du système de censure mis en place.
62 % des demandes mondiales de censure à Twitter venaient de la France.

4. Coordination massive entre État, ONG et tribunaux français
Le rapport expose un réseau orchestré de pression où des parlementaires français, des ONG financées et les tribunaux ont bombardé Twitter de demandes de censure coordonnées. Les sujets ciblés incluaient l'immigration, le COVID-19 et les élections, avec des ordres judiciaires émis sans base légale solide pour forcer la compliance de Twitter sous menace d'amendes.

5. Un modèle exporté et désormais légalisé par l'UE
Ces pratiques de censure, initialement développées en marge du cadre légal, ont été institutionnalisées et légalisées par le Digital Services Act (DSA) européen. Le système français est devenu un modèle d'exportation vers les États-Unis via le Department of Homeland Security, transformant des méthodes de censure nationales en influence géopolitique.

The Epoch Times

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