Cette semaine, le Centre d'excellence OTAN pour la cyberdéfense en coopération (CCDCOE) a tenu son 30e comité directeur. Par un vote unanime, les 27 pays parrains du Comité directeur du CCDCOE ont approuvé l'adhésion de l'Ukraine au CCDCOE de l'OTAN. L'Ukraine rejoindra ainsi le Centre d'excellence coopératif de cyberdéfense de l'OTAN en tant que « participant contributeur », a déclaré vendredi dans un communiqué l'institution de recherche militaire accréditée par l'OTAN.
Le CCDCOE est un centre de connaissances, un institut de recherche et une installation d'entraînement et d'exercice accrédités par l'OTAN. Cette organisation militaire internationale basée à Tallinn se concentre sur la recherche appliquée interdisciplinaire, ainsi que sur les consultations, la formation et les exercices dans le domaine de la cybersécurité. « C'est l'une des principales institutions, si ce n'est la principale, pour la réflexion sur la cyberguerre », a déclaré James Lewis, directeur du programme des technologies stratégiques au Center for Strategic and International Studies, un groupe de réflexion de Washington.
Alors que les médias russes tentent de présenter l'invasion russe comme une réponse à l'agression ukrainienne, les reportages sur le terrain ont joué un rôle crucial pour contrer la propagande, avec des images provenant à la fois de journalistes professionnels et d'amateurs sur les réseaux sociaux. Des cyberattaques de grande ampleur ont touché les principaux sites Web du gouvernement ukrainien la semaine dernière.
Les sites Web des ministères ukrainiens de la Défense, des Affaires étrangères et de l'Intérieur ne répondaient pas ou étaient lents à charger après une série d'attaques DdoS. Le gouvernement ukrainien a fait la demande aux volontaires de l'aider à protéger les infrastructures essentielles et à espionner les troupes russes. Des demandes de volontaires ont commencé à apparaître sur des forums de hackers jeudi matin, « Cybercommunauté ukrainienne ! Il est temps de s'impliquer dans la cyberdéfense de notre pays », peut-on lire dans l'un des messages.
La demande comprenait des instructions pour les hackers et les experts en cybersécurité sur la façon de soumettre une candidature via Google Docs. Les volontaires devaient fournir des références professionnelles et leurs domaines d'expertise, tels que le développement de logiciels malveillants.
Selon Lewis, la décision d'inclure l'Ukraine dans le CCDCOE aura un impact immédiat sur sa capacité à repousser les cyberattaques russes. Le centre est basé à Tallinn, en Estonie, et est un héritage de l'expérience du gouvernement estonien, qui a été la cible de cyberattaques dévastatrices en 2007. La Russie a nié être le coupable de ces attaques qui ont tout désactivé, des distributeurs de billets aux médias, mais l'Estonie l'a longtemps blâmée parce que les attaques ont suivi le tollé suscité par le déplacement d'une statue de l'ère soviétique dans la capitale, Tallinn.
« Les Ukrainiens considèrent les Estoniens comme un modèle de réponse ou de défense contre les cyberactions russes et c'est en cela qu'ils sont importants », a déclaré Lewis. « Cette décision permet également à l'Ukraine d'entrer dans la communauté occidentale des spécialistes de la cybersécurité. Il s'agit donc d'une étape importante. »
« La présence de l'Ukraine au sein du Centre permettra de renforcer l'échange d'expertise cybernétique entre l'Ukraine et les pays membres du CCDCOE. L'Ukraine pourrait apporter une connaissance de première main de plusieurs adversaires dans le domaine cybernétique, qui pourrait être utilisée pour la recherche, les exercices et l'entraînement », a souligné le colonel Jaak Tarien, directeur du Centre d'excellence OTAN pour la cyberdéfense en coopération.
« Les capacités et les connaissances sont le fruit de l'expérience, et l'Ukraine a incontestablement une expérience précieuse des cyberattaques précédentes, qui peut être très utile au CCDCOE de l'OTAN. L'Estonie, en tant que pays hôte du CCDCOE, est un partenaire de longue date de l'Ukraine pour le renforcement de sa capacité de cybersécurité et de sa cyberrésilience, et nous nous félicitons de la décision des membres du CCDCOE d'accepter l'adhésion de l'Ukraine », a déclaré le ministre estonien de la Défense, Kalle Laanet. Après que l'Ukraine a envoyé une lettre confirmant qu'elle restait intéressée par une adhésion au CCDCOE de l'OTAN en tant que participant contributeur, son adhésion a été soumise au vote du comité directeur du CCDCOE. Le Centre a déjà élargi ses membres en dehors des pays de l'OTAN.
Cette décision intervient alors que, l'ICANN a rejeté mercredi la demande de Mykhailo Fedorov, vice-premier ministre ukrainien, de révoquer tous les domaines web russes, de fermer les serveurs racine DNS russes et d'invalider les certificats TLS/SSL associés en réponse à l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Fedorov a formulé sa demande parce que l'assaut de la Russie a été « rendu possible principalement grâce à la machinerie de propagande russe qui utilise des sites Web diffusant continuellement de la désinformation, des discours de haine, encourageant la violence et cachant la vérité sur la guerre en Ukraine. »
Dans une réponse publiée le 2 mars, Göran Marby, PDG de l'ICANN, a déclaré que son organisation est un organisme technique indépendant chargé de superviser le DNS et les identifiants uniques de l'internet mondial et qu'elle doit maintenir la neutralité. « L'ICANN est un facilitateur de la sécurité, de la stabilité et de la résilience de ces identifiants dans l'objectif d'un Internet unique, mondial et interopérable », a déclaré Marby.
« Dans notre rôle de coordinateur technique des identificateurs uniques pour l'Internet, nous prenons des mesures pour nous assurer que le fonctionnement de l'Internet n'est pas politisé, et nous n'avons aucun pouvoir de sanction. En fait, l'ICANN a été créée pour garantir le fonctionnement de l'Internet, et non pour que son rôle de coordination soit utilisé pour l'empêcher de fonctionner », souligne le patron de l’ICANN.
Stephen Flanagan, expert de l'OTAN et de ses plans de défense à la RAND Corporation, ainsi que conseiller présidentiel au Conseil de sécurité nationale de l'administration Obama, a déclaré que cette initiative avait un effet positif sur le moral des troupes, en plus d'être une source importante de cyberexpertise pour l'Ukraine. Flanagan a également déclaré que les pays membres du CCDCOE allaient acquérir des connaissances précieuses grâce à l'Ukraine et à ses longues années de lutte contre la cybermenace russe.
« Il s'agit d'une précieuse déclaration politique de solidarité avec l'Ukraine en ce moment de péril, a indiqué Flanagan par courriel, mais cela pourrait également permettre un échange d'informations utile dans les deux sens sur les cybermenaces russes. » Le CCDCOE aurait refusé l'adhésion formelle de l'Ukraine l'année dernière. En faisant aujourd'hui de l'Ukraine un « participant contributeur », un statut accordé aux pays non membres de l'OTAN, le CCDCOE a fait marche arrière.
Source : CCDCOE
Et vous ?
Que pensez-vous de cette décision d'approuver l'adhésion de l'Ukraine au CCDCOE de l'OTAN ?
Pensez-vous que cette décision pourra avoir un impact sur l'issue finale de la guerre ?
En l'état actuel, la décision n'arrive-t-elle pas un peu tardivement ?
Voir aussi :
« La demande de l'Ukraine de couper la Russie de l'internet mondial a été rejetée, le fonctionnement de l'Internet n'est pas politisé » répond l'ICANN
L'Ukraine fait pression pour débrancher la Russie d'Internet, les experts estiment que cela pourrait être un désastre
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Le groupe de cybercriminels, Anonymous, agirait plus rapidement que la bureaucratie gouvernementale, dans le conflit russo-ukrainien
L'Ukraine acceptée au centre de cyberdéfense de l'OTAN,
Après le refus de l'ICANN de couper la Russie de l'internet mondial
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Le , par Bruno
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