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Le nouveau secrétaire à la défense de Trump ordonne au Cyber Command de mettre fin à toutes les opérations contre la Russie. Cette décision représente une preuve supplémentaire des efforts de la Maison Blanche pour normaliser les liens avec Moscou. L'ordonnance pourrait faire dérailler certaines des missions les plus médiatisées du commandement impliquant un adversaire numérique de premier plan des États-Unis, notamment en Ukraine.
En 2020, des rapports avaient révélé que Donald Trump avait signé une autorisation secrète donnant plus de pouvoirs à la Central Intelligence Agency (CIA), comme celui de lancer des cyberattaques, lors de son premier mandat. C’est donc ainsi que l’Agence a pu mener secrètement des cyberopérations offensives contre le Corps des gardiens de la révolution islamique iranien, l'agence de renseignement russe FSB et d'autres cibles. Cette autorisation permettait à l'Agence d'autoriser davantage de ses propres opérations avec des cibles de son choix au lieu d'attendre l'approbation de la Maison-Blanche.
Cependant, le secrétaire à la défense Pete Hegseth a récemment ordonné au Cyber Command américain de cesser toute planification contre la Russie, y compris les actions numériques offensives. Pete Hegseth a donné cette instruction au chef du Cyber Command, le général Timothy Haugh, qui a ensuite informé le directeur sortant des opérations de l'organisation, le général de division du corps des marines Ryan Heritage, de la nouvelle directive.
L'ordre ne s'applique pas à l'Agence nationale de sécurité, que Timothy Haugh dirige également, ni à ses activités de renseignement d'origine électromagnétique ciblant la Russie. Bien que la portée de la directive de Hegseth au commandement ne soit pas claire, il s'agit d'une preuve supplémentaire des efforts de la Maison Blanche pour normaliser les liens avec Moscou après que les États-Unis et les alliés internationaux ont travaillé pour isoler le Kremlin suite à l'invasion de l'Ukraine en 2022.
Le président Donald Trump a fait une série de fausses déclarations et d'exigences qui l'alignent sur le président russe Vladimir Poutine, notamment en rendant l'Ukraine responsable de la guerre et en qualifiant le dirigeant du pays de dictateur. Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky se sont rencontrés à Washington récemment pour signer un accord qui donnerait aux États-Unis l'accès aux ressources de minéraux de l'Ukraine. Toutefois, l'accord n'a pas eu lieu à la suite d'un affrontement verbal entre les deux dirigeants dans le bureau ovale.
La durée exacte de l'ordre de Hegseth n'est pas connue, mais le commandement a été informé que l'orientation durerait dans un avenir prévisible. Les sources ont indiqué que le Commandement cybernétique lui-même a commencé à compiler une "évaluation des risques" pour Hegseth, un rapport qui reconnaît que l'organisation a reçu son ordre, énumère les actions ou missions en cours qui ont été interrompues à la suite de la décision et détaille les menaces potentielles qui émanent toujours de la Russie.
Les implications des directives de Hegseth sur le personnel du commandement sont incertaines. Si elle s'applique aux opérations numériques qui se concentrent sur la Russie, la décision ne concernerait que quelques centaines de personnes, dont les membres de la Cyber National Mission Force et de la Cyber Mission Force, qui comptent environ 2 000 personnes. Cette dernière est composée de 5 800 personnes issues des services armés et réparties en équipes qui mènent des opérations offensives et défensives dans le cyberespace. On estime qu'un quart des unités offensives se concentre sur la Russie.
Toutefois, si les directives s'étendent à des domaines tels que le renseignement et l'analyse ou le développement des capacités, le nombre de personnes concernées par le décret augmente considérablement. Le commandement compte entre 2 000 et 3 000 employés, sans compter les composantes de service et le personnel de la NSA qui y travaillent. Les organisations partagent un campus à Fort Meade, dans le Maryland.
L'instruction de Hegseth intervient à un moment où le Cyber Command a du mal à se doter du personnel nécessaire pour cibler les cartels de la drogue mexicains, dont huit ont été officiellement qualifiés de groupes terroristes par l'administration. Les responsables de Donald Trump ont préconisé une action militaire contre les figures et les infrastructures des cartels afin d'endiguer le flux de drogue à la frontière.
Dans un communiqué, un haut fonctionnaire de la défense a déclaré : "Pour des raisons de sécurité opérationnelle, nous ne commentons ni ne discutons les renseignements, les plans ou les opérations cybernétiques. Pour le secrétaire Hegseth, il n'y a pas de plus grande priorité que la sécurité des combattants dans toutes les opérations, y compris dans le domaine cybernétique".
Outre les problèmes internes, l'ordonnance pourrait faire dérailler certaines des missions les plus médiatisées du commandement impliquant un adversaire numérique de premier plan des États-Unis, notamment en Ukraine. Le commandement a envoyé des équipes de "chasseurs en avant" à Kiev avant l'assaut du Kremlin pour renforcer ses défenses numériques. Depuis, il est très attentif à la manière dont Moscou utilise ses capacités numériques, notamment à des fins de renseignement.
La Russie est également un bastion de la cybercriminalité, avec des acteurs de ransomware liés à l'État et criminels qui frappent des cibles dans le monde entier. Le commandement est devenu un acteur clé dans la lutte contre ces activités malveillantes. En outre, l'ordre de mise en veille pourrait exposer les entités du secteur privé aux États-Unis et dans le monde entier à des risques accrus si le commandement ne tient pas à distance les services de renseignement et les services militaires de Moscou, qui comptent tous deux des groupes de pirates informatiques notoires.
À la fin de l'année dernière, Microsoft a découvert que le service de renseignement extérieur russe (SVR) avait ciblé des fonctionnaires et d'autres personnes dans des dizaines de pays afin d'accéder à leurs appareils et à leurs systèmes. Microsoft avait notamment confirmé des cyberattaques provenant de la Russie. Des criminels russes avaient compromis ses systèmes et volé encore plus d’e-mails que ce qui avait été initialement admis. En outre, lors des élections américaines, la Russie avait lancé des campagnes de désinformation pour influencer les électeurs américains.
Et vous ?
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Voir aussi :
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