
Compte tenu des tensions croissantes avec Israël, le commandement iranien chargé de la cybersécurité (Cyber Security Command) a interdit l'utilisation d'appareils connectés à Internet aux fonctionnaires et à leurs équipes de sécurité. Cette directive intervient dans un contexte où l'Iran craint que les agences israéliennes puissent utiliser les réseaux mobiles pour planifier des assassinats ciblés.
Selon l'agence de presse Fars, affiliée au Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI), la directive de l'agence de sécurité s'étend à tous les appareils connectés aux réseaux publics de communication ou de télécommunication. « L'utilisation d'appareils connectés par les fonctionnaires et leur personnel de sécurité est désormais interdite », a déclaré le Cyber Security Command.
Cette directive de l'agence iranienne semble trouver son origine dans des incidents tels que les explosions coordonnées par Israël au Liban. En 2024, une série d'explosions simulatanées de bipeurs électroniques modifiés a fait des milliers de victimes au Liban. Si la cause reste controversée, les enquêtes ont mis en évidence un sabotage israélien via des chaînes d'approvisionnement compromises.
L'agence de presse Fars a en outre averti que le fait d'éteindre les téléphones portables dans des lieux sensibles ne permettait pas nécessairement d'empêcher la localisation, ajoutant que le commandement iranien chargé de la cybersécurité recommandait l'utilisation d'appareils sécurisés et anti-traçage.
Que s'est-il passé au Liban ?
En septembre 2024, des milliers de bipeurs et de talkies-walkies ont explosé à travers le Liban. Ces appareils ont été pris pour cible car ils étaient utilisés par les dirigeants du Hezbollah et des responsables gouvernementaux. L'attaque s'est également étendue à certaines régions de Syrie.
Selon le gouvernement libanais, 42 personnes ont été tuées, dont 12 civils, et plus de 4 000 personnes ont été blessées dans ces explosions.
Les explosions se sont produites sur deux jours. Les premières explosions ont été signalées le 17 septembre 2024 et concernaient des bipeurs. La deuxième explosion, le 18 septembre 2024, concernait des talkies-walkies.
À la suite de cette attaque, Israël a nié toute implication et s'est distancié des explosions au Liban. Cependant, plus tard en novembre 2024, le Premier ministre israélien Netanyahu a admis le rôle d'Israël dans les explosions après avoir déclaré, selon les médias hébreux : « L'opération visant les bipeurs et l'élimination de [Hassan] Nasrallah, le chef du Hezbollah, ont été menées malgré l'opposition des hauts responsables de l'establishment de la défense et de leurs responsables au niveau politique ».
La déclaration de Netanyahu intervient après qu'il ait limogé l'ancien ministre de la Défense Yoav Gallant « en raison d'une érosion de la confiance » entre le responsable israélien et le Premier ministre. Cependant, selon Gallant, il a été démis de ses fonctions en raison de son désaccord avec Netanyahu sur les opérations militaires d'Israël dans la bande de Gaza.
Le conflit entre l'Iran et Israël entre dans son cinquième jour
Le conflit entre l'Iran et Israël s'est poursuivi pour un cinquième jour consécutif après que les deux pays se sont lancés de nouvelles attaques à l'aide de drones et de missiles.
Lundi, l'armée de l'air israélienne a pris pour cible la chaîne de télévision publique iranienne IRIB à Téhéran, affirmant qu'elle servait de couverture aux forces armées iraniennes.
En représailles, l'Iran a lancé une série de missiles en direction d'Israël, qui ont été interceptés par le système de défense antimissile Iron Dome.
Les préoccupations de l'Iran font écho à l'opération de l'explosion des bipeurs menée par le Mossad en 2024, qui a permis à Israël d'espionner et de mettre à mal les réseaux de communication du Hezbollah. Des agents israéliens ont infiltré le groupe soutenu par l'Iran en 2022, plaçant des explosifs à l'intérieur de bipeurs AR924 déguisés en appareils standard. Le Hezbollah a distribué à son insu plus de 3 000 unités, qui ont ensuite explosé simultanément, tuant ou blessant des milliers de personnes.
L'opération des bipeurs AR924 a été menée parallèlement à un autre complot du Mossad impliquant des talkies-walkies trafiqués vendus au Hezbollah. Selon des agents du Mossad ayant participé à la militarisation des bipeurs et des talkies-walkies, le Mossad a passé plus d'une décennie à orchestrer l'opération clandestine meurtrière qui a transformé les talkies-walkies du Hezbollah en bombes. Quant à la militarisation des bipeurs, l'opération aurait démarré en 2022 et les appareils trafiqués ont été promus à l'aide de fausses publicités sur YouTube.
La confiance du Hezbollah dans ces outils de communication a permis à Israël d'exploiter son infrastructure sans être détecté, renforçant ainsi la méfiance actuelle de Téhéran en matière de cybersécurité.
Sources : Commandement iranien chargé de la cybersécurité, Agence de presse Fars
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